31 janvier 2007

«Une Belgique unie, fédérale et modernisée»

MAJ 31 /01/07

Le président socialiste agresse ses vœux au Premier ministre

Elio Di Rupo, en tant que président du PS, a présenté ses vœux mardi. Et il a lancé quelques flèches, principalement vers le Premier ministre. Pour le président du PS, à travers son discours au palais royal la semaine passée, Guy Verhofstadt a "fait prendre un risque à l'unité du pays"....


Elio Di Rupo ne ménage pas Guy Verhosftadt. Mardi, il a à nouveau critique le discours prononcé la semaine passé par le premier ministre au Palais Royal. Un discours faussement gentil pour Elio Di Rupo : "-Il y a beaucoup de slogans, on parle avec un ton velouté comme ça, très doux pour le moment, (…) mais il ne faut pas sous-estimer, ce qu'il y a derrière cette couche de vernis, il y a vraiment la volonté d'une régionalisation plus intense" et Elio de Rupo de rappeler sa volonté de préserver "l'unité du pays, la stabilité".

Quant à la Wallonie, à quelques heures d'un discours qu'il prononcera sur son avenir au Parlement Wallon, Elio Di Rupo reconnaît que crier victoire et cocorico, ne correspondrait pas tout à fait la réalité. "Il n'y a certainement pas de cocorico, concède le patron du PS," mais certainement pas non plus ce coté permanent, agressif contre la Wallonie, qui finalement nous positionne à l'échelle internationale d'une manière qui n’est pas suffisamment bonne en fonction des véritables qualités que nous avons". Bref, pour ceux qui en doutaient encore, la campagne électorale est bel et bien lancée, et à travers chaque discours, chaque parti, chaque camp se positionne.

A noter que le discours d'Elio Di Rupo sur "L'état de la Wallonie", qu'il prononcera puis débattra avec les parlementaires wallons aujourd'hui à Namur, ne sera finalement pas télévisé, comme cela avait été envisagé, par les télévisions communautaires. La fédération des télévisions locales a finalement estimé qu'elle devait renoncer à cette retransmission parce qu'aucune modalité précise ne permettait d'éviter les interventions en direct des parlementaires d'extrême droite

Il y a quelques jours les éléments se déchaînaient : une pluie grise hachurait le ciel et des vents tourbillonnants balayaient notre pays.
Soit un décor planté pour une interview Ecolo.
VIDEO• E. Di Rupo critique le discours de G. Verhofstadt
ARTICLES• La Belgique façon Verhofstadt

Jean-Michel Javaux, la figure montante du parti vert, nous a ainsi déballé ses ambitions en vue des législatives.

Les arguments du Secrétaire fédéral pourraient bien faire mouche à l’heure où le débat énergétique et environnemental agite le globe. Tous les partis récupèrent le thème de l’environnement, votre cheval de bataille ? Vous sous sentez spoliés chez Ecolo ?Depuis 25 ans Ecolo tente d’imposer ces thèmes-là à l’agenda, en essayant d’expliquer à quel point ils sont structurants des autres problématiques.
Après la communauté scientifique, les partis traditionnels se rallient enfin à notre cause.
Mais à la veille des élections, on s’interroge: les partenaires sont-ils sincères ou veulent-ils uniquement surfer sur une vague médiatique à l’heure où Al Gore et Nicolas Hulot font un tabac. J’attends que les actes suivent les beaux discours.

Il y a eu quatre super sommets sous la dernière législature, pas un seul n’a été consacré au réchauffement de la planète et aux questions environnementales. De plus, comment peut-on dire : « il faut absolument atteindre les objectifs de Kyoto » et en même temps faire des autoroutes à quatre ou cinq bandes, annoncer un ring autour de Liège, retarder la venue du RER et continuer à construire en périphérie. Il y a de l’hypocrisie là-dessous.

Vous avez une longueur d’avance dans le domaine écologique. Quant est-il alors de votre programme socio-économique ?

On a trop longtemps perçu l’écologie comme source de contrainte, or elle signifie opportunité d’emploi (construction), moteur de recherche (nouveaux matériaux), source de convivialité. Elle va dans le sens d’une meilleure qualité de vie. Toute une série de secteur d’avenir s’ouvrent à nous.

Que pensez-vous du plan énergie émis par la Commission européenne ?

Il est intéressant mais pas assez ambitieux. Il manque de clarté. D’un côté, il pousse à la modernisation et à l’innovation mais de l’autre, il reste influencé pas une idéologie pronucléaire. Or, dire aujourd’hui qu’il faut revenir au nucléaire c’est un peu comme si on rachetait des TV noir et blanc à l’époque du plasma. Personne ne connait réellement la portée du danger, le risque zéro n’existe pas. Pour preuves : dans l’environnement des centrales, on distribue encore des pastilles d’iode, on aménage un réseau d’évacuation d’urgence, on établit un plan de sécurité dans les écoles et on prévoit des alarmes. Enfin, un dernier argument contre le nucléaire, nous savons bien que les stocks d’uranium seront épuisés d’ici 40 ou 60. Donc que faut-il faire? Se tourner vers le soleil, la seule source énergétique qui pourrait nous rendre indépendant. Vous êtes à la fois Secrétaire fédéral et bourgmestre d’Amay, un cumul insolite chez Ecolo, parti très « éthique » ?Ecolo n’interdit pas l’addition de ces statuts. Ce qui nous importe, c’est qu’il n’y ait pas de conflit d’intérêt. Ainsi, vous ne pouvez pas être à la fois directeur d’une intercommunale et député de la commission qui surveille celle-ci. En ce qui me concerne, je suis fier d’être le bourgmestre d’Amay, qui pour rappel, a connu plus de 82 ans de majorité absolue socialiste. Peu à peu, les Verts ont gagné la confiance des électeurs et on s’est engagés à diriger la commune autrement. On a tout de même obtenu près de 44% des voies, je crois que c’est une première en Europe pour un parti vert. Maintenant nous devons démontrer qu’Ecolo est capable de gérer l’une des communes les plus surendettée de Belgique. J’assumerai ce mandat jusqu’au bout. Mais ce n’est pas un boulot à temps-plein. Je suis donc disponible pour assumer la charge d’un Secrétaire fédérale et redresser la barre d’Ecolo qui a connu un fameux revers en 2003 (moins de 10% des votes). Vous n’allez-donc pas remettre votre mandat de Secrétaire fédérale, comme vous l’aviez laissé entendre ?Je n’ai pas encore pris ma décision. Tout cela va dépendre des résultats. Après les élections, on en discutera collectivement. Mais je n’exclu pas de rester dans l’équipe dirigeante d’Ecolo. Cela revient-il à dire qu’on ne laisse pas tomber un poste de Secrétaire d’Etat pour celui de bourgmestre ?Non, mais c’est vrai que la direction d’Ecolo a souvent changé entre 1999 et 2003. Certes il ne faut pas s’accrocher à un mandat pendant 45 ans mais je pense qu’une certaine stabilité apporte des avantages. On gagne alors le respect des autres présidents de partis, on noue un réseau de contacts avec les syndicats, les fédérations patronales, les associations et les médias.Votre point de vue sur une éventuelle réforme de l’état ?J’ai toujours dit que je n’allais pas dans une réunion du front du refus. Il faut identifier au nord et au sud les hommes et les femmes de dialogue. On doit faire vivre ce pays. Je pense qu’il faut entendre les revendications flamandes, y apporter des réponses sans faire de la surenchère et dire si vous voulez BHV on va exiger d’élargir la région de Bruxelles jusque Knokke. Ce n’est pas très productif. Vous parlez de dialogue, quels rapports entretenez-vous avec le parti frère Groen?Nous avons beaucoup de contacts avec eux. Je suis attaché à une Belgique unie, fédérale et modernisé. Cela signifie donc et premièrement établir des liens avec son parti frère. Mais le climat n’a pas toujours été au beau fixe. De 2002 à 2004, les relations étaient froides et tendues entre Ecolo et Groen. Il faut reconnaitre qu’essuyer une défaite électorale comme nous l’avons vécue, n’est pas facile. Mon plus grand souhait serait que Groen puisse revenir dans les assemblées. Pour l’instant, la situation les paralyse un peu dans leur envol. Qui a l’étoffe d’un Premier ministre selon vous ?D’abord j’envisage un candidat qui serait le Premier ministre de tous les Belges et non d’une communauté. Secundo, je ne voudrais pas d’un Premier ministre qui gagne simplement la course de la popularité. Si un francophone enlevait le poste, il se pourrait qu’on paye le prix fort lors des futures négociations. Le sacrifice serait gigantesque. La bonne personne doit donc être capable de dresser des ponts entre Flamands, Wallons et Bruxellois, ce que fait Johan Vande Lanotte. Par contre Yves Leterme n’a pas encore réussi son examen de passage afin de se rendre acceptable vis-à-vis de tous les Belges. Quant à Elio di Rupo, il se positionne davantage en faveur de la campagne que la future gestion du pays. Vous seriez prêt à faire partie d’une alliance ?Oui, sur base d’un programme de gouvernement très clair, de priorités écologistes et si je suis assuré d’avoir le respect de tous les partenaires pendant la législature. Pour l’instant, le jeu est ouvert et un scénario arc-en-ciel n’est pas impossible, d’après moi.

29 janvier 2007

En 2007, les pertes pourraient frôler le million d'euros

Des prêts en chute libre creusent le déficit de la Médiathèque.
Le cabinet de la Culture se penche à son chevet.


L e sous-financement chronique qui l'accable va-t-il conduire la Médiathèque de la Communauté française au bord du gouffre ? Alors qu'elle vient juste de fêter son demi-siècle d'existence, cette institution culturelle majeure est à la veille d'une crise sans précédent. Les scénarios budgétaires pour l'exercice en cours, qui se termine fin juin, laissent entrevoir une perte cumulée de 800.000 euros à 1 million.
Cette perspective tient à la conjonction de trois tendances : la diminution dramatique du nombre de prêts, qui ont chuté de 25 % en cinq ans ; une dotation publique qui n'a pas été adaptée à l'évolution du marché de la musique ; et des charges salariales qui ne cessent de s'alourdir.

Ce n'est pas la première année que la Médiathèque achèvera dans le rouge. Mais, cette fois, l'ampleur du déficit prévu est extrêmement alarmant. « Nous avions tablé sur une baisse du prêt de 9 % cette année, explique le patron de la Médiathèque, Jean-Marie Beauloye. Mais elle atteignait déjà 12 % à la fin du premier semestre. »
Les années précédentes, la Médiathèque avait déjà dû entamer ses fonds propres pour combler les déficits. Mais Jean-Marie Beauloye, qui sera reçu ce lundi au cabinet de la Culture, entend se montrer ferme : « Il n'est ni responsable ni raisonnable d'éponger chaque année les pertes en ponctionnant les réserves. Si on me demande de le faire, je dirai non ! » Car ce bas de laine est vital pour permettre à la Médiathèque d'investir dans les nouveaux médias numériques.

Le bonheur est dans le prêt, mais en ligne
Le marché du disque souffre, la Médiathèque en subit le contrecoup.
Mais son catalogue sur le Net s'étoffe de 250.000 titres.

C 'est un parfum de crise qui flotte autour des présentoirs de la Médiathèque. Si la chute effrénée du prêt de CD ou de DVD n'est pas enrayée durant les prochains mois, après un semestre précédent catastrophique, l'organisme pourrait enregistrer un déficit allant jusqu'à un million d'euros, en pertes cumulées.
Selon la direction, le budget prévisionnel pour 2006-2007, exercice qui se termine en juin, envisageait une baisse du prêt de 9 % - ce qui correspond à un déficit de plusieurs centaines de milliers d'euros. Mais les résultats désastreux enregistrés de juillet à décembre 2006 ont mis à mal ce scénario encore trop optimiste. Durant l'été dernier, la chute du prêt a parfois dépassé les 18 % par rapport à 2005. La cote d'alerte est donc atteinte pour une ASBL qui, en cinquante ans, a pu accumuler un patrimoine impressionnant de 875.000 médias, disques et films confondus.

L'an dernier, 120.000 membres sont venus y faire leurs découvertes, dans une centaine de points de prêts (une quinzaine de sites fixes et les tournées de quatre discobus). Au total, la Médiathèque a consenti 3.110.000 prêts en 2005-2006 (une baisse de 8 %). L'ASBL emploie environ 240 salariés.
La direction a - une nouvelle fois - tiré la sonnette d'alarme auprès de la ministre de la Culture, Fadila Laanan (PS). Son cabinet dispose d'un dossier étayé, détaillant notamment les fonds propres dont dispose la Médiathèque. Un calendrier de réunion est sur la table.
Dans l'entourage du comité de gestion de la Médiathèque, on laisse entendre qu'une fois que le cabinet de la Culture se sera prononcé sur le sort de l'ASBL, des négociations avec les syndicats pourraient être rapidement engagées.

Pour la Médiathèque, être contrainte d'utiliser son trésor de guerre pour combler un déficit chronique et abyssal serait suicidaire. Car le téléchargement en ligne la met face aux mêmes défis que doit relever l'industrie du disque. « Nos réserves doivent impérativement être utilisées pour des investissements structurels, tels que la plate-forme de téléchargement que nous avons lancée en novembre dernier », explique le directeur général de la Médiathèque, Jean-Marie Beauloye.
Trop timides débuts sur le Net
Depuis le 14 novembre dernier, les membres de la Médiathèque peuvent télécharger - contre paiement - quelques dizaines de milliers de morceaux au format MP3. Mais les débuts de cette plate-forme de téléchargement sont relativement timides. En cause : la difficulté de négocier les droits avec les labels et des ressources trop limitées pour réaliser les coûteux développements informatiques.
Une situation qui pourrait changer, cependant. La Médiathèque va embaucher de nouveaux informaticiens, et son catalogue de titres va s'étoffer sérieusement. « La semaine dernière, au Midem, nous avons signé les droits de 250.000 titres supplémentaires pour notre catalogue », annonce Jean-Marie Beauloye.
Mais la transition vers le numérique prendra du temps. Dans l'intervalle, sans une remise à plat de son mode de fonctionnement et de sa dotation, qui ne couvre que 40 % de ses recettes, la Médiathèque risque, à très brève échéance, d'être confrontée au spectre d'un douloureux plan social.

Des milliers de candidats agents pénitentiaires

Près de 10.000 candidats à un poste d'agent pénitentiaire se sont présentés samedi matin sur l'esplanade du Heysel à Bruxelles pour une première épreuve de sélection organisée par le Selor, le bureau de sélection de l'administration fédérale, a indiqué le Selor.
Après avoir retenu les 1.200 meilleurs pour chaque rôle linguistique, une seconde sélection sera opérée pour arriver à une liste finale de 700 lauréats néerlandophones et autant de francophones. "Nous avions envoyé quelque 14.000 invitations à se présenter à ce premier examen qui visait à vérifier une série de compétences via des questions à choix multiples", a expliqué Myriam Bouveroux (Selor).
"Finalement, 2.500 candidats néerlandophones et 7.200 francophones sont venus", a-t-elle précisé. Les deux fois 1.200 candidats retenus à la suite de la première épreuve seront soumis à une deuxième sélection au cours de laquelle la résistance au stress sera vérifiée. Les candidats seront également interrogés oralement. Ce deuxième volet se tiendra en deux phases: un premier groupe passera ces tests au printemps, le deuxième à l'automne.

Toute une vie vendue sur le net

Nom, numéro de téléphone, vêtements, ordinateur, planche de surf, photos d'enfance et jusqu'à une histoire d'amour ratée : un Australien de 24 ans a vendu sa vie sur le site d'enchères eBay. Pour moins de six mille dollars.
L'acheteur n'a pas pu s'emparer de l'identité légale de Nicael Holt, qui conserve son passeport et ses droits d'héritage, mais il devient propriétaire de l'ensemble de ses possessions, jusqu'à une trottinette déglinguée et "une jolie lampe" que lui avait un jour offerte une petite amie.

Le "nouveau Nicael Holt", dont l'identité n'est pas connue, aura surtout le privilège, pour 7.500 dollars australiens (5.790 USD), de passer Noël avec "ses" parents et d'être présenté à l'ensemble des amis de son alter ego, dont quelques potentielles conquêtes féminines. "Mes amis vous traiteront exactement comme ils m'ont traité. Cela comprend ceux qui m'emmènent surfer, courir, faire de l'escalade...", écrit le vendeur sur eBay.

Deux ennemis font cependant partie du lot, ainsi qu'une "certaine tension avec une ex, en raison d'une séparation douloureuse", avertissait l'annonce. Pour rentrer dans cette nouvelle vie, un programme de formation de quatre semaines est offert, avec des leçons de surf, d'escalade, de skateboard... Un service après-vente est également inclus: pendant deux mois, l'acheteur peut appeler son "prédécesseur" pour tout conseil qu'il souhaiterait avoir. "Je me creuse encore la cervelle pour savoir pourquoi j'ai fait ça", écrit Nicael Holt, premier du nom.

Environnement


Sans surprise, celui-ci devrait largement confirmer des constats souvent entendus. Et des scénarios qui ne prêtent guère à l'optimisme.

Réunis du 29 janvier au 2 février à Paris, les experts du Giec vont mettre la dernière main au volet climatologique du quatrième rapport de l'organisation sur lequel ils planchent depuis plus de trois ans. Objectif : synthétiser l'état des connaissances scientifiques actuelles en matière de changements climatiques afin d'inspirer l'action des "décideurs" de la planète.
Si ce document qui doit refléter un très large consensus au sein de la communauté scientifique demeure encore confidentiel, certains éléments ont néanmoins déjà filtré dans la presse ces dernières semaines, qui ne font grosso modo que confirmer et préciser les conclusions du rapport précédent publié en 2001. Pour ceux qui en doutaient encore, le lien entre l'origine du phénomène de réchauffement climatique et les activités humaines est à présent qualifié de "très probable". Traduisez : avéré à 90 pc. L'augmentation de CO2 dans l'atmosphère liée à l'exploitation des énergies fossiles (pétrole, charbon...) n'a "très probablement" jamais été aussi élevée depuis 650 000 ans.
Selon les scénarios pris en compte, la fourchette d'augmentation des températures d'ici 2100 fluctuerait entre 1 et 6,3 degrés alors que le texte datant de 2001 l'évaluait entre 1,4 et 5,8 degrés. L'augmentation de la température moyenne depuis un siècle flirte pour sa part avec les 0,8 °C
"Attention, avertit néanmoins le climatologue Jean-Pascal van Ypersele (dont on lira l'interview en page 10), ce document doit encore faire l'objet de débats et connaîtra des modifications. La fourchette de 2 à 4,5 degrés annoncée par certains médias, par exemple, n'est pas du tout la fourchette de températures annoncée. C'est un point sur lequel le texte devra être réécrit."
Montée des eauxConséquence de ce réchauffement global, la température des océans est elle aussi à la hausse, avec pour corollaire une dilatation des eaux qui se traduit par une augmentation du niveau des mers. Entre 1993 et 2003, celui-ci a progressé de 3,1 millimètres par an. A terme, la calotte glaciaire du Groenland pourrait avoir complètement disparu d'ici 1 000 ans, ce qui entraînerait une hausse du niveau des mers de 7 mètres. Si cette hypothèse venait à se matérialiser, plus d'un dixième du territoire belge pourrait être sous eau. La banquise arctique et antarctique est également menacée.
Enfin, les événements météorologiques extrêmes risquent très probablement de se multiplier : hivers doux et pluvieux ainsi que des étés torrides en perspective. Si la fréquence des cyclones devrait diminuer, leur intensité par contre devrait aller crescendo.
Autant de modifications qui auront des répercussions sur les écosystèmes et la biodiversité, les infrastructures mises en place par l'homme ou encore les capacités de production agricole. Autant de bonnes raisons de commencer à (ré) agir sérieusement dans la mesure où ce sont une fois encore les populations les plus pauvres et les plus vulnérables qui seront les premières exposées aux conséquences de ces dérèglements.


Monsanto mis à l'amende pour son Roundup

Pesticides. Le tribunal de Lyon vient de condamner le géant de l'agrochimie pour «publicité mensongère».

C'est la victoire de David contre Goliath. Monsanto, le mastodonte de l'agrochimie, dont le siège français se trouve à Bron, dans la banlieue lyonnaise, était poursuivi pour publicité mensongère autour du Roundup, le désherbant le plus vendu au monde, par l'association Eaux et rivières de Bretagne (ERB). Vendredi à Lyon, Monsanto Agriculture France a été condamné à payer une amende de 15 000 euros. Le distributeur du Roundup, la société Scotts France, poursuivie pour les mêmes faits, a aussi été condamnée à une amende de 15 000 euros. Le tribunal correctionnel a également ordonné la publication du jugement dans le quotidien le Monde et dans Maison & Jardin Revue.
ERB avait déposé sa plainte en 2001, scandalisée par la campagne publicitaire déployée par Monsanto. Leader en France de la vente de pesticides aux particuliers, l'agrochimiste a bâti le succès de sa gamme phare sur une image «écolo». Qualifié dans les publicités de «biodégradable», le Roundup (une dénomination générique pour une gamme de produits) était aussi censé «respecter l'environnement», «laisser le sol propre».
Glyphosate. «En 2000, Monsanto s'est payé une grosse campagne de pub à la télé pour le Roundup. Nous, on venait d'obtenir les résultats d'études qui montraient la présence massive de glyphosate, la matière active du Roundup, dans les rivières bretonnes», se souvient Gilles Huet, délégué de l'association (1). Or le glyphosate est un produit dangereux pour l'environnement et la santé, dont la présence dans l'eau et les aliments est réglementée par de multiples textes français et européens. En 2001, il est classé par la Commission européenne comme «toxique pour les organismes aquatiques» et pouvant «entraîner des effets néfastes à long terme pour l'environnement».
«Avec ses pubs mensongères, Monsanto a favorisé la banalisation de l'usage de ce pesticide, le plus vendu aux jardiniers amateurs», déplore ERB. Une banalisation qui se traduit, selon l'association, par le fort taux de pollution des eaux françaises : les deux molécules chimiques issues du Roundup sont détectées respectivement dans 55 % et 35 % des eaux superficielles (2).
Aux Etats-Unis, à la suite d'une procédure judiciaire menée dans l'Etat de New York, Monsanto avait dû cesser, dès 1996, ce type de publicité sur le territoire américain. Mais en France, ce n'est que depuis 2003 que les produits Roundup ne sont plus porteurs de ces qualifications fallacieuses.
Depuis 2001, la toxicité du Roundup pour l'environnement et la santé a été confirmée par de nouvelles études scientifiques. «L'équipe du Pr Robert Bellé, du CNRS de Roscoff, a mis en évidence le caractère potentiellement cancérigène de l'herbicide (1), précise Jean-Paul Guyomarc'h, responsable du dossier pour ERB. Celle de Gilles-Eric Seralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen, montre que le Roundup est aussi un perturbateur endocrinien.»
Le procès avait été reporté deux fois. Mais vendredi, dans son jugement, le tribunal correctionnel de Lyon a estimé que «l'utilisation combinée sur les étiquettes et emballages des termes et expressions "biodégradable", "laisse le sol propre", etc., [...] pouvait laisser faussement croire au consommateur à l'innocuité totale et immédiate desdits produits par suite d'une dégradation biologique rapide après usage [...] alors qu'ils peuvent au contraire demeurer durablement dans le sol, sous la forme de glyphosate et de son adjuvant, voire se répandre dans les eaux souterraines».
«Confiance». Plus gênant encore pour Monsanto, la justice a considéré que l'industriel savait parfaitement, et «préalablement à la diffusion des messages publicitaires litigieux, que les produits visés présentaient un caractère écotoxique». Pour le porte-parole de Monsanto France, Yann Fichet, ce jugement «ne remet pas en cause l'utilité des produits de la gamme Roundup». «Il existe une relation de confiance entre nos produits et ses utilisateurs, et nous pensons que les consommateurs continueront à utiliser le Roundup», ajoutait-il vendredi. Monsanto étudie la possibilité de faire appel.
Au contraire, pour Eaux et rivières de Bretagne, à qui Monsanto doit verser 5 000 euros de dommages et intérêts, «cette condamnation met fin au mensonge de la firme, remet les pendules à l'heure» et «constitue une excellente nouvelle pour la protection de l'eau». D'ailleurs, rappelle ERB, l'article 36 de la loi sur l'eau adoptée le 30 décembre dernier prohibe «les publicités pouvant donner une image exagérément sécurisante ou de nature à banaliser l'utilisation des pesticides».
(1) Libération des 29 octobre et 5 novembre 2004.
(2) Dernier rapport de l'Institut français de l'environnement.

La Chine à la traîne en matière d'écologie

La Chine reste un des pays les moins développés au monde en matière de protection de l'environnement, selon étude gouvernementale. Le "Rapport sur le modernisation", édition 2007, classe la Chine au centième rang sur 118 nations développées ou en développement en matière de "modernisation écologique". Ce classement n'a pas bougé depuis 2004. Il est basé sur une trentaine d'indicateurs, dont les émissions de gaz à effet de serre, la qualité de l'eau potable, le taux d'eaux usées...
L'étude résume des recherches et opinions d'experts et d'universitaires de différentes institutions ainsi que du ministère des Siences et de la Technologie. "Comparée à sa modernisation sociale et économique, la modernisation écologique de la Chine reste à la traîne", écrit He Chuanqi, directeur du groupe de recherche de l'étude.
Le gouvernement chinois est régulièrement accusé de sacrifier son environnement sur l'autel d'une croissance économique fulgurante qui a encore dépassé les 10% l'an dernier.

Le prince Charles plaide pour l'environnement aux Etats-Unis

Le prince Charles et son épouse Camilla ont entamé hier à Philadelphie une visite de deux jours aux Etats-Unis, placée sous le signe de l'environnement.
Après avoir visité le lieu où a été signée la Déclaration d'Indépendance de 1776, le couple s'est rendu dans la banlieue de la ville pour constater les efforts de rénovation urbaine. Dans la soirée, le couple princier devait assister à un concert du rocker britannique Rod Stewart à l'Académie de musique de Philadelphie.
L'héritier de la couronne d'Angleterre et Camilla devaient se rendre à bord d'un train privé aujourd'hui à New York où le prix de citoyen de l'année en matière de protection de l'environnement doit lui être remis à l'Université de Harvard par le Centre de Santé et d'Environnement de l'Ecole de médecine. Ce prix doit lui être conféré par l'ancien vice-président américain Al Gore. Le prince Charles, connu pour son engagement pour la protection de l'environnement, doit prononcer un discours à New York sur le réchauffement climatique et d'autres problèmes écologiques.

En Belgique, l'impact direct du réchauffement devrait être limité. Mais pas nul. Il pleuvra moins en été et plus en hiver, mais il fera plus chaud tout au long de l'année. Certains secteurs devraient pouvoir même en bénéficier, comme l'agriculture et le tourisme.
Il y a changement climatique et changement climatique. Et c'est là que réside toute la difficulté, pour les climatologues, de prévoir les impacts du réchauffement global, dans la mesure où ceux-ci s'annoncent différents, parfois radicalement, dans chaque région ou sous-régions. Un rapport, élaboré conjointement par Greenpeace et l'Université catholique de Louvain, a toutefois tenté l'exercice pour la Belgique. Grandes tendances.

Moins d'hiver, plus de nuages. La température s'élèvera l'hiver mais plus encore en été (de 2,4° à 6,6°C d'ici 2100 selon les modèles). Quant aux pluies, elles pourraient, selon le scénario le plus pessimiste, se réduire de moitié en été et augmenter d'un quart en hiver. Ce qui signifie des hivers moins froids, plus gris et des étés caniculaires. L'été 2003 pourrait devenir la norme de la fin du siècle. Aucun modèle ne permet en revanche de conclure à une plus grande fréquence des tempêtes.
L'abondance des précipitations augure un risque croissant d'inondations dans tous les bassins hydrographiques, ce qui aurait d'importantes conséquences socio-économiques, même si personne n'a, à ce stade, entrepris de les chiffrer. En été, les pénuries d'eau seront plus fréquentes. Le niveau des rivières étant plus bas, la qualité des eaux sera moindre.
Le littoral fragilisé. En Belgique, les experts estiment que la hausse d'un mètre du niveau des océans mettra 63 000 ha de terre sous le niveau de la mer. Une hausse de 8 m (envisageable dans 1 000 ans) exposerait un dixième de la surface du Royaume. Les changements climatiques rendront la côte particulièrement vulnérable aux tempêtes et à la salinisation des sols.
Les espèces dites de zones froides pourraient à terme disparaître de nos contrées, comme l'ablette ou le gardon. Le chêne, le hêtre et le charme, exposés à l'arrivée de nouveaux parasites et maladies, ne devraient plus trouver chez nous de climat favorable à leur développement. D'autres dérèglements de chaînes alimentaires sont également à attendre. Une douceur trop précoce pourrait amener certaines chenilles à éclore alors que les feuilles dont elles se nourrissent ne sont pas encore formées, mettant ensuite en péril la population des mésanges. Les tourbières des Fagnes sont elles aussi appelées à disparaître.
En Belgique, le réchauffement climatique devrait avoir un impact limité, voire positif tant que la hausse des températures moyennes ne dépasse pas 3°C. L'accroissement du CO2 dans l'air fertilise en effet les plantes. La chaleur estivale et l'humidité en hiver devraient également favoriser la croissance des cultures, particulièrement les céréales.

En été, la plus grande fréquence des vagues de chaleur et de la pollution à l'ozone qui les accompagne, augmentera sensiblement les décès qui y sont liés. En hiver en revanche, la baisse du nombre de jours très froids réduira la mortalité cardio-vasculaire. Les spécialistes s'attendent également à un essor de la maladie de Lyme, propagée par les tiques.
Le tourisme ti re son épingle du jeu. Un accroissement des températures conjugué à un temps sec en été devrait renforcer l'attractivité touristique de la Belgique, d'autant que les pays méditerranéens, écrasés de chaleur, perdraient quant à eux une partie de leur attrait. Il faudra toutefois compter, relativisent les experts, avec l'érosion des plages et le faible débit des cours d'eau en été. Les Belges devront en revanche faire une croix sur le ski en Ardennes.
La conclusion pourrait être cynique : notre pays, qui dispose en plus des moyens pour s'adapter, s'en tire bien en regard des catastrophes annoncées dans les zones plus tropicales. Ce serait toutefois faire bien peu de cas des conséquences planétaires du phénomène. Notre vie quotidienne est loin de dépendre de notre seul territoire. Les Belges n'échapperont pas aux conséquences globales. Le prix de notre alimentation dépend de la santé de l'ensemble du système agricole, les virus traversent les continents, et les flux migratoires se focaliseront toujours un peu plus sur les plus favorisés...
© La Libre Belgique 2007

28 janvier 2007

Les titans d'Eole

Au pied des Pyrénées espagnoles, un laboratoire unique au monde se prépare à tester les éoliennes de demain : elles s'élèveront à plus de deux cents mètres et travailleront offshore.



Au milieu des grues et des pelleteuses, il faut faire un effort d'imagination pour voir dans ce hangar industriel grand comme un terrain de football le lieu où l'on viendra bientôt, du monde entier, tester les éoliennes de demain. Pourtant tout est prêt, ou presque, pour accueillir là, au pied des Pyrénées aragonaises, leurs pales de géant. Non pas celles qui mesurent dans les vingt mètres, comme on les faisait encore à la fin des années 90. Ni celles d'aujourd'hui qui en font le double. Cette nef va d'ici peu recevoir des prototypes de pales en fibre de verre ou de carbone longues de 75 à100 mètres et larges de plus de 4 mètres. Elles équiperont des éoliennes aux mâts et à l'envergure gigantesques. Des colosses qui devraient permettre à l'homme de capter la puissance d'Eole et ses tourbillons de vents.

Un temple de l'énergie renouvelable
Il ne souffle cependant, dans ce bâtiment couvert, pas le moindre courant d'air. Deux blocs en béton armé, posés parallèlement à une extrémité du hangar, attendent leur heure. Chacun a été perforé pour qu'y soient fixés, grâce à des barres en acier, des prototypes de pales. Il s'agira de vérifier leur fiabilité en les soumettant aux forces qu'ils subiront en condition réelle, une fois dans un parc éolien. Celui de droite servira à des tests dits «statiques» : la pale sera soumise, en huit points de charge, à un poids phénoménal de l'ordre de 5 000 tonnes. Sur le bloc de gauche, la pale ­ d'au moins 75 mètres, rappelons-le ­ subira un «examen dynamique». A la manière d'un immense javelot pesant entre 5 et 12 tonnes, sa pointe oscillera de haut en bas jusqu'à trois millions de fois.
«Ce dispositif de tests peut paraître exagéré, mais on doit éliminer tout risque de chute et de casse. Les fabricants qui viendront ici tester leurs prototypes souhaitent en outre que les pales soient brisées à l'issue de ces essais. Cela leur permettra de connaître la marge de solidité des prototypes qui ont subi les tests.» Cheveux bouclés, air décontracté, Imanol Lopez est un jeune ingénieur à la tête du département vedette du Centre national d'Energie renouvelable (Cener, lire encadré) : le laboratoire de l'énergie éolienne, installé près de Sangüesa, en Navarre. Le site qu'il dirige commencera à fonctionner dès l'été et tournera à plein rendements à la fin 2007 : un «laboratoire d'éoliennes», le plus grand et le plus complet du monde, ­ le plus cher aussi, doté par Madrid de 45 millions d'euros. Destiné à tester les aérogénérateurs des futurs parcs éoliens, ce temple de l'énergie renouvelable comprend un dédale de six nefs consacrées chacune à l'évaluation d'une propriété particulière de l'éolienne ­ ici les essais électriques, là mécaniques, ailleurs aérodynamiques.
Une forte volonté politique
Nulle surprise si ce labo de pointe qui comptera à terme une centaine de salariés a poussé en terre espagnole. Le pays de Don Quichotte luttant contre des moulins à vents est le pays européen au plus fort potentiel éolien, du fait de son exposition au vent. Selon une étude publiée en avril dernier par Ernst & Young classant les pays les plus attractifs pour les industriels de l'énergie renouvelable, l'Espagne arrive là encore en tête des pays européens. La recette : une forte volonté politique. Les autorités, qui injecteront 24 milliards d'euros dans le secteur d'ici à 2050, ont mis en place un système de «primes éoliennes» faisant de l'exploitation du vent une aventure juteuse. Résultat : au cours des dernières années, de la Galice à la Navarre en passant par la Castille, le pays s'est couvert de parcs éoliens qui sont parmi les plus vastes d'Europe. Les fabricants pullulent et les groupes électriques investissent massivement dans la filière, à l'image d'Iberdrola dont la filiale éolienne, Gamesa, détient 15 % du marché mondial, seulement devancé par le Danois Vestas et l'Allemand Enercom.
L'Espagne a, il est vrai, tout intérêt à doper le «renouvelable». Alors que le développement du nucléaire y est paralysé depuis 20 ans, le pays n'est relié au réseau électrique européen que par la France, ce qui lui vaut d'être qualifié d' «île énergétique». Résultat, il est l'un des plus mauvais élèves du protocole de Kyoto avec des émissions de C02 qui ont augmenté de 50 % au cours des quinze dernières années. Le gouvernement promet de réduire de 37% ses émissions d'ici à 2012. Le problème est que le territoire est saturé d'éoliennes. La capacité installée est de 11 gigawatts ce qui représente 6% de la consommation énergétique . «On pourrait facilement quadrupler cette capacité, mais un plafond a été fixé à 20 GW par les autorités du fait du caractère encore aléatoire et donc difficile à gérer de l'énergie éolienne», poursuit Imanol Lopez. «Ces limites sont cependant notre force, dit Juan Ormazabal, directeur général du Cener. Elles nous obligent à l'excellence technologique.» Le laboratoire de Sangüesa a été créé pour relever ce défi. Son objectif est d'attirer en Espagne les meilleures entreprises éoliennes du monde, d'en tirer une expertise sans équivalent qui profitera au passage à améliorer les performances du parc espagnol, et d'exporter son savoir-faire, de la Chine à l'Afrique.
Réduire de moitié le prix du kilowatt
Cette ambition internationale explique la taille des installations de la Navarre. Le marché éolien promet de se développer surtout en offshore ­ comme sur la mer d'Irlande. Or, dans ce secteur, les coûts d'installation de chaque éolienne sont tels qu'ils obligent à concevoir des aérogénérateurs hyperperformants, ce qui rime, pour l'instant, avec le gigantisme. Il est vrai qu'en mer les moulins à vent se voient moins... D'où la conception de prototypes plus grands encore que ceux fonctionnant actuellement au large du Danemark, avec des pales de 61,5 mètres de longueur et d'une puissance de 5 Mégawatts ­contre 1,5 pour une éolienne terrestre. La recherche d'éolienne plus productive concerne également le parc terrestre car «en Espagne comme ailleurs, les subventions soutenant la filière vont peu à peu s'amenuiser tandis que les espaces disponibles pour les installer se réduisent, souligne Javier Ruiz, du département recherche et développement du Cener. Le secteur éolien doit donc de plus en plus penser en terme d'efficacité» . Le coût actuel du kilowatt-minute oscille entre 4 et 6 centimes d'euro. L'objectif est de le réduire de moitié .
Pour doper les performances d'un aérogénérateur, il ne suffira évidemment pas d'augmenter la taille de ses pales. Il faut aussi chercher à améliorer leur efficacité aérodynamique et mécanique. Sur le site de Sangüesa, Imanol Lopez montre l'emplacement d'un prochain «tunnel à vent», un hangar hermétique où il s'agira de déterminer quel type de pale (forme, profil, matériau) répond le mieux aux souffles. Juste à côté, une autre vaste nef a été baptisée le «train de puissance»: un dispositif ultrasophistiqué et un véritable pari financier, ­même si le planning des clients est déjà bouclé jusqu'à fin 2008. On y testera la fiabilité du multiplicateur de l'éolienne (qui supporte le rotor tournant), de la génératrice (qui transforme l'énergie mécanique en électrique) et du transformateur (qui augmente la tension du courant électrique produit de 690 à 20000 Volts). Dans le cadre du projet européen «Up-Wind», on travaille ici à créer des aérogénérateurs capables de produire 10 Mégawatts, six fois plus que ceux de la plupart des parcs. Un défi: «Chaque pièce d'un aérogénérateur est fragile, souligne Imanol Lopez. Et on ne maîtrise pas tous les paramètres d'une énergie aussi complexe et capricieuse que le vent. On va donc de plus en plus vers une harmonisation des matériaux et des techniques.» A quelques kilomètres à l'est du labo de Sangüesa, un parc éolien expérimental où les fabricants pourront tester leur technologie est en préparation. Il sera, nul n'en doute, la vitrine de l'éolien dernier cri.

Sur le même sujet0,5 % de l'électricité française Des bâtons dans les pales Une énergie renouvelable mais limitée Un centre de recherches en terre éolienne

Daerden mania - Daerden attitude



2000 personnes pour les voeux de Michel Daerden!

Le ministre, qui reconnaît que "si 1969 était pour Gainsbourg une année érotique, 2006 était pour lui une année médiatique".
Bruno Devoghel
Le ministre wallon du Budget, Michel Daerden, a présenté ses voeux au Forum de Liège samedi soir devant plus de 2000 personnes. C'est la première fois que le théâtre affichait salle comble pour les "meilleurs souhaits" du président de la coupole provinciale du PS.
Dans la foule, de nombreux militants invités par l'USC de Ans, mais également quelques figures politico-sportives connues comme José Happart, Anne-Marie Lizin, Christophe Collignon, Christie Morreale, Lucien D'Onofrio ou encore les frères Saive.
Pour la première fois, les médias du Nord du pays avaient également rejoint la Cité ardente. Certains y verront les effets de la "Daerdenmania".
Pour le ministre, qui reconnaît que "si 1969 était pour Gainsbourg une année érotique, 2006 était pour lui une année médiatique", cette notion est un "mystère".
"Ce phénomène inexplicable et totalement involontaire résulte avant tout de l'éclatante victoire électorale socialiste remportée à Ans. Une victoire, ce soir là, combinée à beaucoup d'autres", a-t-il commenté lors de son discours à l'issue du spectacle de Pierre Theunis.
S'exprimant avec clarté et avec sobriété, le ministre a répondu par les victoires socialistes aux attaques de Didier Reynders, qui avait demandé, via un quotidien liégeois, qu'il arrête de boire.

"Comment expliquer autrement les récentes sorties du grand chef MR liégeois si ce n'est pas la frustration d'une défaite cinglante? ", a noté Michel Daerden, qui, évoquant les "dérapages verbaux qui abaissent leur auteur", a cité Philippe Noiret : "Le voyage est court.
Autant le faire en 1ère classe" avant de conclure "cher Didier, l'histoire ne retient jamais les coups bas...".
Michel Daerden n'a par contre pas répondu aux attaques dont il a été victime de la part d'autres socialistes liégeois, comme Willy Demeyer ou Alain Mathot.
Au contraire, il a plaidé pour l'union du PS en vue du gain d'un 7e siège socialiste liégeois à la Chambre.
"Pour remporter les prochaines élections, il faudra absolument que nos divergences, nos petites tensions internes, nos intérêts personnels soient enterrés.
Les socialistes ne gagneront que dans l'unité", a-t-il remarqué, soulignant qu'il n'était pas utopique de penser à un premier ministre socialiste.
La soirée s'est achevée comme elle avait commencé, en musique. Mais celui qui a déclaré qu'il "aurait voulu être un artiste", n'a cette fois pas poussé la chansonnette. "Je me rends compte aujourd'hui que c'est un vrai métier", a-t-il conclu, devant la foule qui lui réservait une "standing ovation".

Daerden est sold out



La "Daerdenmania" se poursuit... La soirée organisée ce samedi 27 janvier au Forum de Liège à l'occasion de ses voeux est sold out cette année.
Frédéric élu Liégeois de l'année
Le député wallon, bourgmestre de Herstal, a été élu "Liégeois de l'année 2006". Il a reçu son prix ce mercredi soir.
Les Liégeois de l'année ont été élus par quelque 5700 lecteurs du toute-boîte "Vlan" et du quotidien "La Meuse". Ces derniers ont choisi les liégeois les plus représentatifs dans cinq catégories puis ont élu le Liégeois de l'année.
En catégorie "économie et urbanisme", ils ont récompensé l'abbé Achille Fortemps de la paroisse de Saint-Barthélemy. En "société", la palme revient au professeur Raymond Limet, chef de service de chirurgie cardiovasculaire et thoracique au CHU de Liège, qui a pratiqué 284 greffes de coeur en 30 ans. En "sports", c'est le cycliste Philippe Gilbert qui s'est distingué. Dans la catégorie "culture", les lecteurs ont élu le groupe de jeunes chanteurs "Eté 67".
A 37 ans, Frédéric Daerden succède ainsi au consul d'Italie, Marco Ricardo Rusconi.
Ainsi, alors que Frédéric a été élu "Liégeois de l'année 2006", les médias font état d'une émission animée par Aurore, sa fille, sur RTL-TVi. Les vidéos représentant le ministre ont connu un grand succès sur "YouTube" et l'émission "Reporters" qui lui a été consacrée à rassemblé 666.000 personnes. Le ministre fera l'objet d'un livre qui sortira en février et sera l'invité "guest" du lancement du blog de "Elle Belgique" le 1er février, pendant qu'Aurore sera aux platines.
Alors que les années précédentes, moins de 1.000 personnes rejoignaient le théâtre liégeois pour assister aux "meilleurs souhaits" du ministre wallon, ce sont plus de 2.200 personnes - soit la capacité du Forum - qui sont attendues samedi ! Les responsables de la salle liégeoise redoutent de manquer de place pour accueillir les "amis" du ministre.
A l'image des meetings à l'américaine et de quelques autres "bals du bourgmestre" en Wallonie, les baignoires ont été "sponsorisées" par des entreprises (quelque 750 euros pour un apéritif champagne et un repas dans un restaurant liégeois). En coulisses, la possibilité d'une deuxième date, de même que l'installation d'écrans géants, ont même été, un court moment, évoquées.
La soirée consistera en un spectacle de Pierre Theunis. Celui-ci invitera le ministre à monter sur scène à l'issue du "concert". Il y a fort à parier que celui qui dit qu'il "aurait voulu être un artiste" ne pourra pas s'empêcher de pousser la chansonnette, voire d'esquisser un pas de danse, comme il l'a fait dimanche soir sur la scène du Forum lors de la revue "Sois belge et tais toi". Mais pour les personnes qui n'ont pas reçu le précieux sésame, à savoir le carton d'invitation, il est trop tard. Les "voeux de papa" sont sold out.
(d'après Belga)





Michel Daerden fera bientôt l'objet d'un livre

Après avoir été la vedette d'émissions télévisées et du web, le ministre wallon du Budget et bourgmestre de la ville de Ans, Michel Daerden, sera prochainement au coeur d'un ouvrage écrit par Louis Maraite, à paraître aux éditions Luc Pire.Le livre, dont la sortie est prévue pour fin février, à l'occasion de la Foire du livre, s'ouvrira sur la "daerdenmania", autrement dit la médiatisation de l'image du ministre à la suite de ses interventions télévisées lors des élections du 8 octobre. Il évoquera ensuite la vie politique du ministre, à travers les différents gouvernements qu'il a fréquentés, sa vie personnelle depuis sa naissance, le 16 novembre 1949, jusqu'à son deuxième mariage, la vie politique locale du bourgmestre ansois et le PS liégeois, ainsi que sa vie de réviseur d'entreprise. Le "système Daerden", appliqué à Liège, sera également analysé. De nombreux témoins agrémenteront le bouquin d'anecdotes.Un des titres envisagés pour l'ouvrage serait tout simplement Daerdenmania, un des sous-titres, plus original, pourrait être D'Ans avec les sous.
EN SAVOIR PLUS: Daerden Votre homme de l'année 2006
EN SAVOIR PLUS: Michel Daerden, star du X
EN SAVOIR PLUS: Michel Daerden, star du web

Un homme a particulièrement marqué vos esprits durant l'année écoulée... homme politique, socialiste et qui aime jouir des plaisirs de la vie, c'est finalement Michel Daerden qui a ravi vos cœurs (ou vos zygomatiques car Monsieur Daerden fait sourire, ou même grincer quelques dents). Eh non! Michel Daerden ne passe jamais inaperçu, c'est le moins que l'on puisse dire. Il déchaîne les passions. Ridicule et pathétique pour certains, exceptionnel et bourré d'humour pour d'autres, il ne laisse personne indifférent. Lors de son passage sur la chaîne publique RTBF, le soir des élections du 8 octobre, son élocution trahissait sa joie et son état: Monsieur Daerden avait décidé de fêter dignement sa victoire et celle de son parti avec faste et gaieté! Une interview surprenante qui aura fait parler d'elle pendant de nombreuses semaines puisque celle-ci a connu un succès énorme sur le net. En quelques semaines, le Bourgmestre de Ans, est aussi devenu chanteur et star du X. Un "art de la politique" (comme il le dit lui même) particulier mais qui fait mouche...

"Daerden donne du plaisir aux gens"
Paul Piret

Mis en ligne le 19/12/2006
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Retour sur un phénomène, avec un expert en marketing.
Le ministre applique les règles qui font le succès d'une pub : contenant, humour, familiarité, vérité, différence.


BELGA

entretien

Michel Daerden est décidément un "bon produit". Notre "baromètre" de lundi l'a rappelé pour sa part. L'expertise d'un ancien de la pub, Jacques François, maître de conférences invité à l'UCL et à l'ULB, où il enseigne la publicité et la communication marketing...

Qu'inspire la "daerdenmania" à un spécialiste du marketing ?

Elle me rappelle que la notion d'"implication" est essentielle, au coeur de tous les raisonnements sur la communication publicitaire : la publicité ne parle aux gens que quand elle les intéresse. Or, le produit politique est très ingrat. Les idées politiques impliquent peu les gens, tant qu'elles ne touchent pas directement à leur portefeuille; et les choix ne sont pas palpables comme l'est l'achat d'une voiture ou d'une poudre à lessiver. Le gros problème du marketing politique - je ne voudrais pas être conseiller dans ce registre - c'est qu'il est très difficile de juger d'un contenu. Dès lors, comment concerner personnellement des gens quand on "vend" des idées politiques ? Il faut pouvoir les faire voter pour un emballage, pour un contenant.

C'est cynique, ce que vous dites là...

Précaution oratoire : la morale n'intervient pas dans la communication publicitaire. Elle est amorale. Nous parlons de promotion d'une personne ou d'un produit. Et j'y arrive, de ce point de vue, Daerden est un emballage. C'est une première explication de son succès.

La deuxième, c'est que l'emballage est de qualité ?

Oui, parce que ce qui fonctionne le mieux en publicité, c'est l'humour. Or Michel Daerden distrait, amuse, fait rire. Il donne du plaisir aux gens. Du plaisir tout de suite, et à court terme. Troisième explication : plus on le voit, plus on a l'impression qu'il nous est familier. A force d'en entendre parler, Pampers, Maredsous, Coca... ou Daerden créent de la familiarité. Or, on achète ce que l'on connaît.

Quitte à étaler son alcoolisme et le tirer à son avantage...


Je ne sais pas s'il s'en rend compte, mais il rencontre là une autre règle de base de la communication publicitaire : la vérité. Il se montre comme il est. C'est très à la mode, comme les pubs qui préfèrent montrer des femmes "ordinaires" ou bien en chair, en vertu de la théorie de la "disruption" : cassons les idées reçues, sortons des clichés habituels, montrons-nous comme on est.


...Comme on est, ou comme on préfère se faire passer ! Lorsque l'opinion s'amuse du bouffon, elle oublie ou ignore l'homme de réseaux, le fou de pouvoir, le macho innommable...

Bien évidemment. Mais il transforme ses défauts en forces : enfin un "pas parfait", qui nous ressemble... Je ne sais pas s'il le fait exprès. Mais comme instinctivement, il suit toutes les règles qui marchent aujourd'hui dans la publicité. En voici encore une : la recherche de la différence. Aujourd'hui tous les annonceurs se plaignent que tout se ressemble; les observateurs de la vie politique également. Michel Daerden crée ce que l'on cherche : la différence.

Ne risque-t-il pas de perdre en crédibilité ce qu'il gagne en succès ?

Je ne suis pas certain, malheureusement, que la crédibilité soit quelque chose d'essentiel en politique... Et puis, comment juge-t-on la crédibilité d'un homme politique ? J'y reviens, elle se bâtit sur un contenant : soit très sérieux et intellectuel, soit d'amuseur public. Daerden a choisi le contre-rôle.

Et il "joue avec". Mais n'est-il pas acculé à devoir aller toujours plus loin dans le spectacle, et n'y a-t-il pas péril à le faire ?

Bien sûr. Il faut pouvoir durer en évitant les risques d'usure, de saturation. Les campagnes de publicité, il faut parfois savoir les arrêter. Daerden devra savoir quand il devra se mettre en sourdine.

Michel Daerden superstar. "I vaut mieus yèsse sô qu'sot"...Mis en ligne le 18/12/2006- - - - - - - - - - -
Soit en wallon (de Charleroi) : "Il vaut mieux être saoul que sot". La "daerdenmania" n'épargne rien. Même pas notre baromètre.
Ceci n'est peut-être pas de la fiction... A dire vrai, on n'est pas surpris. Entre nous, à la réception des résultats, c'est le premier chiffre que l'on alla voir : quelle serait la cote personnelle de Michel Daerden ? Précisément, quelle serait la hauteur de sa progression ? Eh ! bien, elle est conforme aux attentes, si elle ne les dépasse pas.
Le ministre (PS) régional et communautaire du Budget, bourgmestre "empêché" d'Ans et ex-réviseur public largement introduit progresse en un trimestre de 9 points (de 12 à 21) et gagne 6 places (de la 12e à la 6e). C'est là, en son ampleur, une évolution rarissime dans les annales de nos baromètres.
On a beau savoir que ce palmarès individuel mélange allégrement plusieurs genres (notoriété, popularité et confiance), il s'avère à l'évidence que la daerdenmania enclenchée un soir éthylique d'élections communales a gagné nos sondés. Mais ces lignes ne relevant pas d'un commentaire, ni d'un faux JT spécial, nous en resterons là, en laissant à chaque lecteur le soin d'en rire ou d'en pleurer; et, le cas échéant, de méditer sur la grandeur et les servitudes de l'opinion publique.
Pour le reste (mais comme tout ça paraît si dérisoire, désormais...), on épinglera que le tiercé de tête reste inchangé en Wallonie, sans préjudice de mouvements divers : en progrès pour le premier (Di Rupo, après deux ressacs consécutifs) et la troisième (Milquet, qui retrouve son pourcentage de juin); en statu quo pour le deuxième (Reynders).
Daerden résolument à part, la plus belle progression du trimestre va au MR Chastel (+4); et les plus fortes pertes, à même hauteur (-5pc), à deux CDH (Lutgen et Wathelet), tandis qu'un autre humaniste, Antoine, ne parvient pas à préserver sa progression de septembre (il retrouve son niveau de juin). Pour leur part, les Onkelinx, Durant, Demotte, Arena continuent à subir une régulière érosion. D'un trimestre à l'autre, Javaux, Courard et Flahaut retrouvent un top-20 (21 en l'espèce) qu'ils avaient dû quitter en septembre; Laruelle et Destexhe doivent le quitter. Quant à Yves Leterme, son premier test est un échec (2 pc) : on ne le relèverait pas si, à l'inverse, son apparition comme nominé n'était pas d'emblée porteuse à Bruxelles (page suivante). Van Cau (passant, laminé, de 5 à 3 points) fait à peine mieux. L'ex-empereur carolo devrait-il verser dans l'alcoolisme pour reprendre pied ? © La Libre Belgique 2006






Un gauchiste contrarié


































Le Gainsbare des Finances













J'aurais pu être un artiste












Je suis omniprésent, avec clown Caramel



et dans le cracra ..
Vive la Wallonie !

Vive le pétrole cher !


Pourquoi la hausse du baril est une chance pour bouger notre monde

La fin du pétrole n'est pas pour demain. Mais la fin du pétrole bon marché est avérée. Le baril à trois cents dollars n'est plus un mythe. Experts, banquiers, militants, militaires, planchent déjà sur ce futur possible, pour ne pas dire proche.La difficulté croissante à étancher la soif planétaire en pétrole est chaque jour plus évidente. Le Nord pompe à tour de bras depuis près de cent cinquante ans, et le Sud aspire logiquement à le rejoindre. La consommation mondiale, les formidables tensions géopolitiques, tirent le prix du baril vers le haut dans une spirale infernale. Cette situation provoque des raisonnements en noir et blanc. Les optimistes parient que la technologie, l'argent dégagé par un pétrole cher, doperont l'exploration et la découverte de nouveaux gisements. Les autres voient le compte à rebours déjà enclenché, le monde consommant presque autant en vingt ans qu'il ne l'a fait depuis la construction du premier derrick : technologie ou pas, d'ici deux décennies, peut-être même une seule, l'or noir aura quasiment disparu. Et bien avant cela la carte politique du monde risque d'être profondément bouleversée, car les pays assoiffés d'or noir n'assistent pas les bras ballants au désastre annoncé.Nous réagirons. Aujourd'hui ? Demain? Une seule certitude, ce sera sans doute tard, et notre inertie risque fort de gripper les rouages d'une mondialisation triomphante. Sans même parler des autres conséquences de cette fringale d'or noir ­ pollution, réchauffement du climat, montée des océans ­ considérées en général comme quantité négligeable. Qui se soucie des populations les plus vulnérables, de celles qui, par centaines de millions, seront les premières victimes d'un pétrole toujours plus cher, qu'elles ne pourront plus s'offrir ? Qui, hormis les scientifiques, économistes, anthropologues, écologues, agronomes, physiciens de l'atmosphère et ONG, s'inquiète de la facture des coûts externes engendrés par une planète shootée au pétrole ? Pas les politiques. Pourtant, dès la conférence de Stockholm en 1972, l'environnement s'est invité dans les débats, et les Etats ont été confrontés à la réalité de leur interdépendance planétaire. Certes, en 1992, la conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement de Rio de Janeiro a débouché sur nombre de conventions d'importance majeure, sur le climat par exemple, ou encore la biodiversité. Enfin, le sommet de Johannesburg en 2002 a tenté de considérer le développement social comme la clé de voûte du développement durable. Mais tout cela avec les résultats qu'on sait : trois fois rien. La prise de conscience est réelle, mais les actes tardent. Et le pétrole n'en finit pas de s'envoler sans autre conséquence que de durcir la vie quotidienne.Et si, pourtant, ce baril hors de prix avait des vertus ? Aujourd'hui, personne ou presque ne se soucie de consommer mieux, c'est-à-dire de consommer moins de ressources et surtout d'énergie. En dépit d'un engouement sans précédent, les énergies «propres», sans hydrocarbures ni déchets à long terme, ne pèseront au mieux que 2 % de la consommation mondiale en 2030. Même l'atome n'y pourra rien. Pourtant, la Chine, l'Inde, l'Europe, n'en finissent pas de planter des moulins à vent ; le Brésil fait tout pour sucrer ses moteurs et ceux du reste du monde ; et les adeptes du diesel à huile découvrent des qualités à la friture.Un pétrole cher, c'est l'assurance que les milliers de projets, d'expériences du moins consommer, ou du consommer autrement, ne seront plus de simples gouttes d'eau réservées à quelques bobos. La plupart des idées qui germent ici et là n'attendent plus qu'un petit coup de pouce et beaucoup de pédagogie : est-il normal que l'Autriche affiche trois fois plus de chauffe-eau solaires que la France ? Est-il raisonnable d'utiliser des hordes de camions quand le rail a prouvé depuis longtemps son efficacité ? Est-il judicieux que les ingrédients d'un simple pot de yaourt parcourent plusieurs milliers de kilomètres avant d'atterrir sur nos tables ? Est-il légitime de dégrader les côtes chiliennes en quelques années pour assouvir l'appétit de saumon des Européens?Le choc pétrolier dont nous vivons les prémices exige des politiques ambitieuses, pour forcer les uns, et accompagner les autres. Mais on ne les voit se dessiner ni en France ni en Europe ni ailleurs. La cure de désintoxication au pétrole aujourd'hui, la panne sèche demain, seront d'autant plus violentes que les responsables politiques auront gardé leurs oeillères. Pourtant, le développement durable, trop souvent considéré à tort comme un simple thème en vogue, ambitionne d'instaurer un état universel de bien-être en «écologisant», en humanisant l'économie. Chacun, politiques en tête, récite sans se tromper la définition du développement durable : «Un type de développement qui permet de satisfaire les besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.» Mais voilà, chacun voit la durabilité à sa porte. Si nous ne faisons rien, demain, le baril sera à prix d'or quand le sevrage sera impossible et le climat en surchauffe. Alors aujourd'hui, ce pétrole déjà cher est l'occasion ou jamais de changer notre monde. Vive le pétrole cher, donc!

26 janvier 2007

Démissions en bloc à la tête de l'Awiph



Edouard Descampe nouveau président de l'AWIPH

Edouard Descampe, ancien secrétaire-général des Mutualités chrétiennes, sera le nouveau président de l'AWIPH.Le gouvernement wallon a procédé ce jeudi au remplacement des membres démissionnaires du comité de gestion de l'Agence Wallonne pour l'Intégration des Personnes Handicapées (AWIPH).L'ancien secrétaire-général des Mutualités chrétiennes, Edouard Descampe, en sera le nouveau président. Les deux vice présidents seront Pierre Annet, directeur opérationnel aux Mutualités socialistes de Liège, et Jean Marie Jusniaux, déjà membre du comité de gestion et directeur à la province du Hainaut. M. Annet sera par ailleurs le "manager spécial" de l'institution pour une durée de 6 mois renouvelable. Il devra aiderl'administrateur-général faisant fonction à réorganiser les services centraux de l'Agence, veiller au bon déroulement de la concertation relative à l'élaboration du nouveau contrat de gestion, proposer des améliorations aux procédure internes, etc.Tourner la page"Il est important de tourner la page et de connaître des moments meilleurs qu'hier. Je suis très désireux de sortir l'AWIPH du champ des difficultés et de la remettre dans son champ d'action qui est le travail en faveur des personnes handicapées", a souligné le ministre-président Elio Di Rupo.Ministre Vienne absenteM. Di Rupo a annoncé les décisions à la presse en l'absence de la ministre des Affaires sociales, Christiane Vienne. Il ne faut pas, d'après lui, pas y voir une signification politique. "C'est important mais il ne faut pas beaucoup de temps pour annoncer la nomination de ces gens de grande qualité", a-t-il précisé.Travaux parlementairesDe son côté, le parlement wallon clôturera jeudi prochain ses travaux sur l'AWIPH par un débat en séance plénière. L'opposition a réclamé mercredi la présence du ministre-président mais l'intéressé n'en voit pas la raison étant donné que la ministre des Affaires sociales y participera déjà.

"La question de la confiance en Christiane Vienne ne se pose pas"
Le question de la confiance en la ministre wallonne des Affaires sociales, Christiane Vienne, bousculée au parlement wallon pour sa gestion de l'AWIPH, ne se pose pas, a expliqué le ministre-président Elio Di Rupo.Pas remise en cause"Cette question ne s'est pas posée et donc n'existe pas", a souligné mardi M. Di Rupo, interrogé dans le couloirs du parlement wallon. M. Di Rupo n'a pas non plus remis en cause la gestion du dossier par Mme Vienne. "Chaque ministre gère ses dossiers avec la connaissance qu'il en a et selon ses sensibilités", a-t-il dit, rappelant que ce n'était pas la ministre qui avait créé les difficultés survenues à l'Agence wallonne pour l'intégration de la personne handicapée (AWIPH).FinalitésLe ministre-président a par ailleurs montré une certaine incompréhension à l'égard des travaux actuels du parlement dans les dossiers ImmoCongo et de l'AWIPH. "Il y a des débats au sein du parlement mais, manifestement, on ne sait pas toujours ce que l'on cherche et où l'on veut aboutir. J'ai constaté que tantôt c'était Mme Simonet (ministre des Relations internationales, ndlr) qui était très longuement auditionnée, comme si on voulait la mettre en porte-à-faux dans ce dossier, que tantôt, c'était Mme Vienne comme si c'était elle qui était la cause des difficultés", a-t-il expliqué.Image wallonne écornéeS'il y a des fautes, elles doivent être sanctionnées, reconnaît le ministre-président, mais il regrette l'image écornée que l'on donne de la Wallonie et il appelle le parlement à se pencher sur des projets qui concernent l'avenir des Wallons. Quant à l'AWIPH proprement dite, la question qui se pose d'après lui est celle de son fonctionnement sans l'ancien administrateur-général Georges Rovillard à sa tête.MalaiseVendredi, lors de son audition devant la Commission des Affaires sociales, Mme Vienne a été sérieusement bousculée, notamment après l'intervention de l'un des vice-présidents du comité de gestion de l'AWIPH, Daniel Vanderzeypen, qu'elle a révoqué le 6 décembre sans même l'avoir entendu. Le malaise dans la majorité était perceptible et des rumeurs de démission ont même circulé, rapidement démenties toutefois au siège du PS.DémissionHier, la question a également été évoquée au cours d'une réunion du gouvernement wallon et certains ministres ont fait part de leur lassitude face aux errements de leur collègue dans ce dossier. Certains auraient même réclamé un geste.


L'Awiph (Agence wallonne pour l'intégration des personnes handicapées) n'en finit plus de faire parler d'elle. L'agence wallonne est décapitée. Tous les fusible sont sauté. Reste la ministre Christiane Vienne.
Vendredi matin, alors que la commission des Affaires sociales venait à peine (à 2 heures du matin) de voter (majorité contre opposition) les recommandations adressées au gouvernement wallon, on apprenait la démission collective de cinq acteurs centraux du dossier. Soit celles du président (Jean-Marc Poullain, CDH) et des deux vice-présidents (Daniel Vanderzeypen et Marius Hanon, PS) du comité de gestion mais aussi celles des deux commissaires du gouvernement (Dominique Delhauteur, chef de cabinet de Christiane Vienne, et Hervé Briet, délégué du ministre du Budget).
Ce geste enlève une sacrée épine du pied du gouvernement. Depuis le 6 décembre dernier, l'équipe Di Rupo était en effet empêtrée dans le dossier de la révocation des trois membres du comité de gestion. Juridiquement bancale, cette décision, prise dans la foulée des déclarations de Christiane Vienne (PS) dénonçant des dysfonctionnements graves à la tête de l'Agence, empoisonnait la vie du PS et de son partenaire CDH, qui, lassé, avait fini par réclamer un geste.
Une situation pour le moins étonnante dont avaient évidemment profité MR et Ecolo pour lancer, en commission, une série de missiles sol/air à destination de la majorité.
Vienne n'a plus de fusible
Vendredi, du côté de la ministre-présidence, on ne faisait guère de commentaires sur la motivation de ces démissions : « C'est dans l'intérêt de l'Agence et pour la sérénité des débats. » Jeudi prochain, le gouvernement se penchera sur la question du remplacement de tout ce petit monde et sur la nomination, attendue depuis plus d'un mois (oui, on sait, l'exécutif wallon attendait la fin des travaux de la commission), du manager spécial qui sera chargé de remettre un peu d'ordre dans la maison Awiph.
Voilà donc des démissions qui tombent à point nommé pour Christiane Vienne, dont la situation s'était singulièrement compliquée ces dernières semaines. Et ce, malgré le soutien indéfectible de Di Rupo. Il n'empêche, en « sacrifiant » cette série de seconds couteaux, le gouvernement isole un peu plus encore la ministre, qui se retrouve désormais sans fusible.
Un isolement à très haut risque dans la mesure où de gros dossiers (on pense notamment à la négociation du nouveau contrat de gestion de l'Agence) doivent encore être débattus.
Et puis, il y a l'opposition, plus revendicative que jamais : « Si je me réjouis que la majorité, sous la pression parlementaire, ait enfin ouvert le dossier des responsabilités, il n'y a pas de raison de se limiter aux boucs émissaires, note Willy Borsus (MR). Nous réclamons très clairement la démission de M me Vienne. C'est la responsable principale du dossier. » Voilà qui promet de nouvelles et sérieuses empoignades dès la semaine prochaine.

25 janvier 2007

En Transnistrie, la grande Russie s'apprend dès l'école

Dans cette République autoproclamée de Moldavie, l'enseignement unique en cyrillique oeuvre à une véritable épuration scolaire.


Il est 13h 30 dans la bourgade de Grigoriopol, dans l'est de la Moldavie : l'école commence à l'arrêt de bus pour les enfants qui veulent étudier dans leur langue, écrite en caractères latins. Leur république autoproclamée de Transnistrie, qui occupe un mince ruban de terre à l'est de la Moldavie, a décrété que l'enseignement doit être exclusivement en russe, ou à la rigueur en moldave, mais transcrit en caractères cyrilliques. Au coeur de l'Europe, c'est une véritable épuration scolaire que mènent les autorités de Transnistrie, qui dirigent depuis 1991 un territoire de 4 200 km2 et de 500 000 habitants, avec la complicité de la Russie.
«Fatigués». A Grigoriopol, la plupart des familles se sont résignées et envoient leurs enfants à l'école russe, la plus belle et la mieux équipée. Mais une poignée d'irréductibles préfèrent encore prendre le bus tous les jours, faire une quinzaine de kilomètres et franchir la «frontière» de Transnistrie pour aller étudier dans l'école du village moldave voisin de Dorotcaia, qui leur accorde asile tous les après-midi. «Ici, j'apprends à vivre comme un être humain», assène Nadia, 17 ans, avec une gravité qui tranche sur ses jeans déchirés, à la dernière mode de la région. «Bien sûr, nous sommes fatigués de ces allers-retours. De ne pouvoir étudier que les après-midi, quand l'école du village voisin est libre. Mais je veux étudier dans ma langue. Et je vois aussi que cette école nous apprend beaucoup mieux à raisonner, à chercher des informations par nous-mêmes, à réfléchir !»
Nadia explique tout cela en russe, qu'elle parle couramment. Son père est d'origine russe, chose courante dans cette région où les peuples se sont beaucoup mélangés. Sa mère est moldave et s'exprime aussi couramment en russe et explique : «Ce n'est pas seulement une question de langue. Dans les écoles de Transnistrie, la seule chose que l'on inculque aux enfants est de glorifier nos autorités et la grande Russie. Nous vivons ici comme des animaux dans une réserve, sans autres informations que celles que veut bien nous donner la Russie. La plupart des gens ne réalisent même plus combien on les fait souffrir.»
Claudia Sainsus, professeur de roumain, fond en larmes quand elle se remémore les horreurs par lesquelles cette école est déjà passée pour pouvoir continuer à enseigner en caractères latins. En 1992, alors que l'école fonctionnait encore à Grigoriopol, des miliciens du régime de Transnistrie ont encerclé le bâtiment, arrosé de balles son cabinet et dévasté les locaux. «Dans la salle des premières classes [le cours préparatoire, ndlr], ils ont tiré sur l'alphabet latin accroché au mur, se souvient-elle. Une balle dans chaque lettre de l'alphabet.»
Harcelés par les autorités, arrêtés plusieurs fois et menacés de mort, les professeurs ont malgré tout continué à enseigner à Grigoriopol jusqu'en 2002. «On cachait les copies dès qu'une commission de contrôle arrivait», se souvient Diana, une autre élève de 17 ans. Depuis 2002, les autorités ont repris le contrôle du bâtiment, mais l'école compte encore 170 élèves, qui, tous les jours, prennent le bus pour aller étudier en liberté. Dans toute la «république» de Transnistrie, peuplée par plus d'un tiers de Moldaves (pour un tiers d'Ukrainiens et un petit tiers de Russes), ne restent plus aujourd'hui que huit écoles moldaves utilisant l'alphabet latin, scolarisant 3 500 élèves (contre 4 300 encore en 2003). Toutes sont «illégales» aux yeux des autorités locales et sont financées par le gouvernement de Moldavie.
«Pressions». «Les autorités de Transnistrie cherchent à faire de la Moldavie l'incarnation de l'ennemi. De même que la propagande soviétique avait besoin des Etats-Unis comme ennemi», explique Ion Iovcev, directeur d'une école de Tiraspol, dévastée en 2004 par les milices armées du régime et qui ne survit qu'à force d'obstination de ses enseignants et parents. «Dans les villages, beaucoup d'écoles moldaves ont été transformées ces dernières années en écoles russes, constate cet autre dissident de Transnistrie. Et ici même à Tiraspol nous n'avons plus que 300 élèves cette année, contre 700 il y a dix ans encore.»
Envoyer son enfant à cette école signifie s'exposer à de fortes pressions des autorités locales, explique un autre parent moldave de Tiraspol : «J'y aurais bien inscrit mon fils, mais on ne sait jamais si l'école va fonctionner toute l'année, et les autorités menacent ensuite de ne pas l'enregistrer en Transnistrie ou de renvoyer ses parents de leur travail.» Résigné, ce père a inscrit son fils unique à l'école moldave «officielle», qui utilise l'alphabet cyrillique. Son fils y étudie d'après de vieux manuels soviétiques ou des manuels un peu plus récents importés de Moscou, qui lui enseignent l'histoire de «notre patrie, la grande Russie».

Réforme de l'Etat



Le grand cafouillage francophone

Le discours surprise de Verhofstadt au Palais royal les divise un peu plus. Le MR se singularise. Où va le « front » ?


L 'effet centrifuge du 10 juin est trop puissant, le « front » francophone y résiste mal. PS, MR, CDH, Ecolo : ça cafouille. Comme mardi, après le discours surprise de Guy Verhofstadt au Palais royal, de campagne, qui a mis en porte à faux ses partenaires de coalition - les socialistes, en tout cas... Alors, chacun pour soi ? Les présidents de partis francophones s'étaient rencontrés fin décembre. Ils devraient se revoir en février. Mais les rapports se sont dégradés. En trois étapes.
Le 20 décembre déjà, lors de leur première réunion au « sommet », au parlement de la Communauté française à Bruxelles, tout n'avait pas tourné rond entre Elio Di Rupo, Didier Reynders, Joëlle Milquet et Jean-Michel Javaux. Nous avions titré : « Les francophones en service minimum ». Car, à l'issue de deux heures de discussions (« On a mangé des pralines », dira plus tard Joëlle Milquet...), les quatre signent un communiqué lapidaire. Certes, on met sur pied des « groupes de travail », mais point de vrai message politique à se mettre sous la dent ; rien à l'adresse des partis flamands. Un an auparavant, anticipant les négociations sur le sort de Bruxelles-Hal-Vilvorde, les mêmes avaient signifié sans détours que si les Flamands exigeaient de scinder l'arrondissement électoral, eux, réclameraient d'étendre la Région bruxelloise aux communes à facilités, de modifier la frontière linguistique, et on en passe. Une panoplie de contre-mesures.
Cette fois, le ton du communiqué commun est économe, policé, attentiste. Il masque mal la désunion. En coulisse, ses collègues incriminent Didier Reynders. Joëlle Milquet, Jean-Michel Javaux abondent : le président du MR freine, il ne veut pas heurter le VLD.
Second temps dans la dégradation des relations : samedi dernier dans le Soir, Joëlle Milquet invite ses compères francophones à ne pas souscrire à quelque déclaration de révision de la Constitution. Cela ne bloquerait pas toute réforme institutionnelle, car dans des domaines tels que l'emploi ou les soins de santé, on peut opérer par « lois spéciales », mais réfuter toute déclaration de révision serait un acte symbolique fort ; et une provocation pour les partis flamands. A la guerre comme à la guerre ? Il n'en sera rien. PS et MR, partenaires au fédéral, déplorent une « manoeuvre typique d'opposition », refusent de faire exploser Verhofstadt II, et d'aller au clash avec le nord.
Troisième étape, on l'a dit : dans son discours devant les « corps constitués » mardi, Guy Verhofstadt prétend qu'une réforme de l'Etat est indispensable, relance son idée d'une « troisième voie » entre « séparatisme » et « immobilisme », ainsi que son concept de « Fédération belge ». Un discours devant les plus hautes autorités du pays, dont le Roi, mais « personnel », comme il le prétend... Du jamais vu.
En kern mardi soir, Laurette Onkelinx proteste. Peut-être aussi parce que - et c'est le plus incroyable -, tous les vice-Premiers n'avaient pas été mis au courant... Mais bien Didier Reynders, pour les libéraux francophones. Lequel réagit positivement aux propos du Premier VLD, tandis que Laurette Onkelinx et Elio Di Rupo condamnent les propos du chef du gouvernement. Bref : les uns au courant les autres pas ; les uns pour, les autres contre... Le sud se divise.
Deux raisons à cela.
D'abord, chacun sait qu'il faudra négocier avec les partis flamands, même si on ne peut présumer de l'intensité du face-à-face, ce qui nécessite de dépasser le stade du « on n'est demandeurs de rien »... Oui, mais, dans ce cas : on est demandeurs de quoi ?
La seconde : les stratégies électorales des partis sont divergentes. Reynders et Verhofstadt ont comme un agenda commun. Ils ont reconstitué un ersatz de « famille » libérale MR-VLD, pour tenter de sauver leur place au fédéral. Ils veulent s'extraire du face-à-face pur et dur entre Leterme, d'un côté, et Di Rupo de l'autre, qui les relègue au second plan. D'où leurs initiatives : Verhofstadt et sa « troisième voie » ; Reynders et son ouverture au dialogue avec les Flamands, et pourquoi pas sur l'emploi, dans une interview au Standaard récemment.
De surcroît, le leader du MR rechigne à s'impliquer dans un front francophone dont Elio Di Rupo assure le leadership au nom de la première formation francophone. Gênant pour le libéral. D'où sa part de stratégie parallèle. Jusqu'où ira-t-il ?
En attendant, au moment où les partis flamands semblent doucement reconverger vers quelques grands objectifs fondamentaux, les francophones, eux, se dispersent. A près de cinq mois des élections, il y a tout le temps pour que le cafouillage dégénère en affrontement intrafrancophone ; ou alors tourne au rabibochage. Les « sherpas » des partis oeuvrent au rapprochement, nous assure-t-on. Ah oui


« Indispensable réforme de l'Etat »


« Élargir l'autonomie, intensifier la collaboration. » Le nouvel équilibre fédéral, selon le Premier ministre Guy Verhofstadt.
On attendait le discours du Roi. On a eu la surprise Verhofstadt. Volant la vedette à Albert II, le Premier ministre a profité de la réception de Nouvel An pour lancer sa campagne. Pas celle du VLD. La sienne. Celle du duel avec Yves Leterme, dont la perspective lui donne déjà un moral de champion.
Déboulant sur le terrain communautaire avant tous ses concurrents, le Numero Uno annonce tout de go : « Une nouvelle réforme de l'État est souhaitable. Selon moi, elle est même indispensable. »

Verhofstadt parle en son nom. A l'inverse du discours d'automne sur l'« état de l'Union », celui du Nouvel An n'exige pas la consultation de ses partenaires. Or ce discours est tout sauf neutre.
Comme il l'a dit, le 9 janvier, au « Soir », il renvoie dos à dos les deux vieux démons belges, le séparatisme et l'immobilisme : « Ces deux forces qui s'affrontent se renforcent. » La troisième voie de Verhofstadt exige « un dialogue en toute sérénité. »
Pourquoi faut-il réformer ? Le Premier ministre cite trois raisons.
Un : « L'éparpillement des compétences, qui interdit souvent une politique cohérente, une décision rapide ». Deux : « Les tensions dans la périphérie bruxelloise ». Trois : « Chaque entité fédérée doit assumer la pleine responsabilité financière de ses actes ». Le FMI dit d'ailleurs que c'est le seul moyen de réduire la dette. Selon Verhofstadt, les réformes de l'État ont permis à la Belgique d'assainir ses finances. La « politique du gaufrier » l'avait plongée dans le gouffre financier. Le fédéralisme, dit-il, l'a propulsée en tête du classement européen des finances publiques.
Le chef du gouvernement explique sa méthode. Pas de plan concret : « Ce n'est ni le moment ni l'endroit ». Mais les valeurs sur lesquelles on va construire cette « fédération de Belgique ».
Il cite la subsidiarité : exercer la compétence là où elle est la plus efficace pour les citoyens. Il veut de la cohérence pour éviter l'éparpillement et les conflits. Il aspire à l'égalité de traitement des citoyens, du nord au sud.
Selon la philosophie de Verhofstadt, la régionalisation s'impose là où les citoyens ne sont pas traités de la même manière, où les disparités n'ont pas de raisons objectives. Et la volonté de scission s'évapore là où l'égalité l'emporte, où les coûts sont justifiés.
Les soins de santé ont perdu la mauvaise réputation qu'ils traînaient en Flandre. La gestion rigoureuse de Rudy Demotte garantit qu'une opération coûte le même prix partout.

En revanche, au VLD, on s'agace de constater que l'impôt des sociétés est vingt fois mieux contrôlé au Limbourg qu'à Bruxelles, que la fraude à la TVA n'est pas traquée partout avec la même énergie, que les chômeurs flamands sont davantage sanctionnés que les wallons. Pourtant, le plein-emploi au nord, la pénurie d'emplois au sud sont bien des données objectives...
Le Premier ministre plaide un nouvel équilibre : élargir l'indépendance des entités fédérées exige, dit-il, de renforcer les instruments qui fédèrent. Il songe ici à un Sénat des Communautés et des Régions, voire à une circonscription fédérale.
Sourires ou grincements de dents : cette ode à la réforme de l'État ne plaît pas à tout le monde. Elio Di Rupo dit : « Je ne suis absolument pas d'accord. On présente la régionalisation comme indispensable, mais on ne dit pas ce qu'elle apportera au quotidien des gens. » Joëlle Milquet déplore une banalisation. Laurette Onkelinx regrette que le Premier n'ait pas exprimé l'opinion de son gouvernement. Didier Reynders qui, lui, avait été consulté, exprime un accord enthousiaste. Les deux ténors libéraux en campagne présenteront le 5 février, le manifeste de Verhofstadt.
Yves Leterme se déclare ravi. Mais il attend des actes.

L'Union dans la diversité

Le roi Albert II a placé son discours de Nouvel an aux autorités du pays sous le signe de l'Europe. Tout en exhortant la Belgique à rendre ses efforts européens "crédibles" et en réalisant "l'union dans la diversité" à l'intérieur du pays, comme le souhaite la majorité des Belges.
Pour Albert II, Bruxelles, "la capitale politique de l'Europe", et "tout notre pays" doivent jouer "pleinement leur rôle d'accueil de cette Europe en mutation".
"La Belgique multiculturelle possède à ce point de vue des atouts uniques", a-t-il estimé. "Rendons aussi nos efforts européens crédibles en montrant qu'à l'intérieur de notre pays nous pouvons également réaliser l'union dans la diversité, comme le souhaitent la majorité de nos concitoyens", a-t-il exhorté.

Outre la paix, une économie de marché corrigée socialement et un tissu associatif très riche, une des valeurs de l'Europe actuelle des Vingt-sept réside en effet dans son "caractère multiculturel", a souligné le roi.
"Les différentes cultures européennes plus celles de l'immigration doivent s'enrichir mutuellement dans le respect des valeurs de base de notre société. Cela ne va pas toujours sans difficultés, ni tensions. Mais nous devons les surmonter dans la solidarité et la justice", a-t-il déclaré. Et bien que l'Europe "garde une conscience de ses responsabilités vis-à-vis du tiers-monde", les efforts consentis sont encore "insuffisants pour remédier à la pauvreté d'une partie importante de l'humanité et faire cesser cette injustice criante", a-t-il poursuivi.
Exposant ses réflexions sur les perspectives d'avenir de l'Europe, après avoir rappelé les grandes étapes de sa création, le Roi a estimé qu'il était "nécessaire que les Etats membres renforcent leur stratégie de Lisbonne, par laquelle l'Union européenne veut devenir, d'ici 2010, l'économie de la connaissance la plus dynamique du monde".
Cela suppose un investissement dans la recherche atteignant 3% du Produit intérieur brut (PIB) et un "effort considérable" pour encourager l'innovation, a-t-il souligné.
Sur le plan institutionnel, il faut supprimer la règle de l'unanimité, "sous peine de paralysie", a-t-il assuré.
Par ailleurs, le cinquantième anniversaire de la signature, à Rome, le 25 mars 1957, des traités instituant la Communauté économique européenne (CEE) sera fêté le 24 mars au Palais royal, à la veille de la célébration officielle à Berlin, dans le cadre de la Présidence allemande de l'Union européenne, a indiqué Albert II.
Et d'insister sur "l'impulsion que la Belgique a donnée jadis, et continue encore à donner à la construction européenne".
(D'après Belga)

Le Conseil de l'Europe accusé de mensonge



La commission du Parlement européen chargée d'enquêter sur les vols de la CIA en Europe a bouclé son travail. Son rapport a été adopté mardi avec une confortable majorité. Et pourtant, ce rapport est sévère pour certains Etats membres, accusés d'avoir sciemment fermé les yeux sur les pratiques illicites des Etats Unis sur leur territoire. Et il s'en prend sans ménagement au Conseil de l'Union qu'il accuse de mauvaise volonté et même de mensonge…..

Plus d'un millier de vols de la CIA ont utilisé l'espace aérien et les aéroports de l'Union. Tous ne transportaient pas des détenus. Mais, après avoir entendu des dizaines de témoignages de victimes, de leurs familles, de leurs avocats ou d'ONG, la majorité des membres de la commission ne doutent plus réalité des faits et de la complicité - au moins passive - de certains Etats membres. A commencer par la Pologne. Pour les membres de la commission, il est impossible d'ignorer qu'il existait des centres de détention secrets de la CIA en Pologne. . Mais d'autres Etats membres sont aussi explicitement nommés pour avoir fermé les yeux sur ce type de transferts voire d'enlèvements de suspects sur leur territoire. L'Allemagne et l'Italie par exemple où des suspects ont été enlevés par la CIA. .

Les eurodéputés demandent donc à la Commission et au Conseil de prendre le relais et de vérifier les faits, histoire de sanctionner les Etats membres qui se seraient ainsi rendus complice d'atteintes aux droits de l'homme. Ce n'est pas gagné. La Commission entend n'agir que sur base de preuves en bonne et due forme. Or les eurodéputés - qui n'avaient pas de vrais pouvoirs d'enquête - ne peuvent présenter que des faisceaux de présomptions. Pour disposer de preuves, il faudrait que les Etats membres et le Conseil européen coopèrent. On en est loin. Dans leur rapport les eurodéputés dénoncent d'ailleurs la mauvaise volonté de nombre des pays de l'Union à jouer franc jeu. Et elle accuse carrément le Conseil de lui avoir menti en ne lui fournissant que des documents tronqués.

Le rapport devrait être approuvé en séance plénière le mois prochain, à Strasbourg

24 janvier 2007

Simple déclaration de culpabilité pour Patrick Moriau

Cette décision ne devrait avoir aucune influence sur la suite de la carrière politique de Patrick
Le tribunal correctionnel de Liège a prononcé mercredi une simple déclaration de culpabilité contre le député bourgmestre socialiste de Chapelle-lez-Herlaimont Patrick Moriau. Le socialiste a été acquitté des préventions relatives au blanchiment d'argent relatif au "trésor historique" du parti socialiste placé au Luxembourg.
Le tribunal a par contre retenu contre le prévenu des faits de faux et usage de faux mais, en raison de l'ancienneté des faits, Patrick Moriau a bénéficié du délai raisonnable et a obtenu une simple déclaration de culpabilité.
Cette décision qui n'est pas une condamnation mais uniquement une reconnaissance de culpabilité ne devrait avoir aucune influence sur la suite de la carrière politique de Patrick Moriau. Après dix ans de procédure, Patrick Moriau a reçu la décision avec soulagement et a précisé qu'il s'agit pour lui d'un nouveau départ après une longue période de souffrance.
L'affaire avait éclaté en 1997. En 1992, lors du changement de présidence au parti socialiste entre Guy Spitaels et Philippe Busquin, Patrick Moriau était devenu le secrétaire général du parti et administrateur délégué de Fondsoc, une Asbl gérant les fonds du parti socialiste.
Lors de son arrivée à ce nouveau poste, Patrick Moriau avait découvert qu'une somme de 19.400.000 FB de l'époque constituait une caisse noire, appelée "trésor de guerre " ou "trésor historique" du parti. La somme était placée sur un compte au Grand Duché de Luxembourg.
Cet argent noir provenait des fonds issus de la corruption du marché public Dassault et n'avait pas été déclaré au fisc belge. Patrick Moriau avait estimé qu'il était sans solution face à la situation, dans l'impossibilité de déclarer les fonds.
Le député-bourgmestre de Chapelle-lez-Herlaimont avait nié avoir réalisé un profit personnel tout en soulignant son désappointement face au manque de solutions qui s'offraient à lui à l'époque où l'argent lui avait été confié.
Le tribunal n'a pas estimé adéquat d'accorder la suspension du prononcé à Patrick Moriau en raison de l'importance de la somme d'argent et de la nécessité de ne pas banaliser ce type de faits.
Après avoir écarté la prescription des faits, le tribunal a reconnu que Patrick Moriau n'avait pas connaissance de l'origine illicite des fonds et l'a acquitté des faits de blanchiment. Les juges ont par contre estimé que le prévenu a commis un faux lorsqu'il s'est associé au vote d'approbation de l'Asbl Fondsoc.