13 décembre 2008

Les câblos wallons, seuls maîtres de Be TV

La chaîne cryptée Be TV aura désormais pour seul actionnaire Tecteo, l’intercommunale liégeoise active dans l’énergie, les télécoms et les finances, qui avait déjà racheté l’an dernier l’ensemble du câble wallon.
Les négociations, en cours depuis des mois entre Tecteo et Deficom, la société de Daniel Weekers, actuel patron de Be TV, ont finalement abouti, ce vendredi après-midi, à Liège. Aux termes de l’accord, Deficom s’engage à céder les 33 % qu’il détenait dans Be TV pour un montant de 20 millions d’euros. Une opération qui lui permettra de dégager un résultat comptable d’environ 10,5 millions d’euros.
L’accord est cependant soumis à plusieurs conditions suspensives liées notamment à la tenue d’assemblées générales qui doivent confirmer cet accord. Le tout doit être plié avant le 31 décembre au plus tard. Le mois dernier, le conseil de la Concurrence avait déjà donné son feu vert à la reprise de Be TV par les câblos. Depuis un an environ, Belgacom TV avait de son côté tenté de négocier avec Be TV pour ajouter les chaînes cryptées à son propre bouquet. Les abonnés de Belgacom TV risquent désormais d’attendre longtemps avant de profiter de la grille des programmes de Be TV.
Quant à Daniel Weekers, il devrait discuter de son avenir au sein de la structure dans les prochaines semaines. On s’attend à ce qu’il y joue un « rôle fondamental », ainsi que le patron de Tecteo, Stéphane Moreau, l’avait laissé entendre publiquement tout récemment, confirmant ainsi une information publiée dans Le Soir au début de l’été dernier.
Alors que Deficom prévoit un bénéfice net de 5 à 7 millions d’euros pour l’exercice en cours, la société Be TV, a décidé, elle, d’accorder une prime « pouvoir d’achat » à l’ensemble de son personnel à l’exception de la direction.
Devenue le bras « contenu » du câble wallon, Be TV aura des défis extrêmement ardus à relever, alors que le câble a pris du retard et doit affronter la grosse machine commerciale lancée par Belgacom TV. Sans compter l’entrée en lice depuis cette semaine en Belgique francophone de TéléSAT, avec son bouquet satellite. Un outsider qui pourrait rafler quelques parts de marché à ses puissants aînés. Et le calendrier politique, avec les élections régionales de 2009 aura aussi son impact. On peut s’attendre à ce que Tecteo, qui se revendique volontiers du service public, réservera quelques annonces de poids, à des moments clés de la campagne électorale. Ce pourrait être le cas pour son offre de triple play, qui mariera sur le câble avec un abonnement unique la télévision numérique, la téléphonie au forfait et l’internet à haut débit.

06 décembre 2008

Le photovoltaïque redoute le coup de jus

2008 a été l'année d'une explosion en Wallonie : celle du photovoltaïque. Mais, aujourd'hui, le secteur a peur qu'on change la donne.

Il a suffi de quelques articles dans la presse et d'une réunion au cabinet du ministre wallon de l'Énergie pour mettre une certaine pression. Le secteur photovoltaïque sent que le vent pourrait tourner. Face aux critiques récemment formulées, il redoute le moment où le politique fléchira et coupera court au débat sans réfléchir calmement.

1. Les critiques
Les principales «attaques» sont venues du régulateur wallon du gaz et de l'électricité (la Cwape) et de l'administration bruxelloise de l'énergie (IBGE). Le premier considère que le soutien des pouvoirs publics au phototovoltaïque est une erreur politique : les subsides sont à ce point intéressants que l'opération devient surtout un placement rentable, repoussant au second plan d'éventuels travaux d'isolation. L'IBGE avait calculé pour sa part que l'isolation était six fois plus performante que le photovoltaïque pour limiter les émissions de CO2. Le PS, partenaire du cdH à la Région wallonne, a lui aussi fait un appel du pied au ministre André Antoine pour réorienter éventuellement une partie des primes vers l'isolation des bâtiments.

2. Action-réaction
«Nous, on ne fait pas de politique. Mais on a l'impression d'être entré dans un conflit politique», indique Philippe Delaisse, administrateur-délégué de la plate-forme intersectorielle RBF, destinée à promouvoir les énergies durables. Le cabinet du ministre de l'Énergie réfléchit à certaines pistes. On pourrait ainsi conditionner l'octroi de la prime photovoltaïque à un audit énergétique. «Ce qui signifie qu'on changerait la donne au bout de 12 mois. C'est toujours malsain pour un secteur industriel», dit-il. «Il suffirait alors qu'on émette des critiques sur le secteur, qu'on considère qu'on investit trop dans ce créneau, pour décider qu'on clôture le sujet avec une proposition d'audit... Communication rapide, réponse rapide. On est dans l'action-réaction là où il faut une réflexion globale», estime Philippe Spelmans, gérant de PowEco (installateur à Thuin). «L'idée d'un audit énergétique est loin d'être mauvaise. Mais il ne faut peut-être pas que l'octroi de la prime soit suspendu à l'approbation de l'audit et à l'obligation de réalisation de travaux préalables», ajoute Éric Guyot, administrateur-délégué d'Ekowatt.

3. Isolation vs photovoltaïque Les installateurs répètent par ailleurs qu'il n'y a pas à opposer isolation et installation de panneaux photovoltaïques. «Pour réduire les émissions de CO2, OK : c'est plus porteur d'investir dans l'isolation. Mais, avec l'isolation, on parle d'économies de chauffage. Pour le photovoltaïque, on parle de production d'électricité sur base d'une énergie renouvelable. Il n'y a pas de rapport entre l'ampoule électrique et le chauffage, sauf si vous vous chauffez à l'électricité. C'est comme comparer des pommes et des poires. L'un n'empêche pas l'autre. Les deux ont un rôle à jouer. C'est un tout. Les bâtiments doivent consommer le moins possible et les particuliers vont en même temps vers davantage d'autonomie en produisant eux-mêmes leur électricité», plaide la plate-forme BRF.

4. Boosté et puis flingué? C'est vrai que l'année 2008 a été celle du photovoltaïque. «Il faut dire que la Belgique est en retard. La Wallonie devait sauter dans le train», précise Didier Vandermeersch, administrateur-délégué de Droben SA (installateur à Tubize). On compte plus de 2 000 installations en 2008, pour plus de 200 entreprises actives dans le secteur et près de 500 emplois. «Nous souffrons d'une visibilité subite et fantastique. Mais il s'agit d'une filière à intégrer dans toute la chaîne. C'est ce que nous voulons : une politique globale. Et on ne dit certainement pas qu'il n'y a rien à changer. Mais tout chambouler après 12 mois, c'est assassiner un secteur en plein boom», répète Éric Guyot.

03 décembre 2008

Ce que Kris Peeters n’a pas pu obtenir

Peeters veut un dialogue sans BHV et sans les bourgmestres

Si le dialogue de Communauté à Communauté ne peut pas rapidement reprendre dans de bonnes conditions c'est-à-dire sans BHV et la nomination des bourgmestres à son agenda et s'il n'est pas possible de conclure rapidement des accords partiels, alors le dialogue n'a plus de sens, a dit mercredi le ministre-président flamand Kris Peeters au parlement flamand.

M. Peeters a ajouté qu'il regrettait que le dialogue soit suspendu. "Nous n'avons encore jamais été si loin", a-t-il ajouté. Le ministre-président répondait ainsi à Geert Bourgeois (N-VA) et Joris Van Hauthem (Vlaams Belang) qui ont affirmé que pour eux le dialogue était mort.
"Vous dites que le dialogue est mort mais vous savez que pour certains il y a une vie après la mort" a répliqué M. Peeters. Il a rappelé qu'il avait reçu un mandat du parlement et du gouvernement flamands pour conduire ce dialogue. Il a souligné que des pas importants avaient été faits jusqu'à présent et cela pas seulement en ce qui concerne le jardin botanique de Meise mais aussi en ce qui concerne le marché de l'emploi et la politique des grandes villes. "Nous n'avons encore jamais été si loin", a-t-il dit.
Il a cependant admis qu'après la décision du ministre flamand des Affaires intérieures Marino Keulen (Open Vld) de ne pas nommer trois bourgmestres francophones de communes de la périphérie bruxelloise, le dialogue était suspendu, ce qu'il regrette.
Une relance du dialogue n'est possible que si elle se déroule d'une façon crédible. Cela veut dire que Bruxelles-Hal-Vilvorde et la nomination des trois bourgmestres ne peuvent pas faire partie de l'agenda. De plus, il faut qu'il y ait rapidement des accords partiels. Sinon, c'est la fin du dialogue, a encore dit M. Peeters. On devrait rapidement savoir ce qu'il en est. "Cela ne durera plus longtemps. Ce n'est pas une question de mois mais une question de semaines", a-t-il ajouté.


Voici le résultat de trois mois de dialogue de Communauté à Communauté. Le ministre-Président flamand Peeters n’a pu sceller aucune avancée décisive. Des tiraillements inattendus ont vu le jour entre négociateurs francophones.

Praatbarak": l’expression suivra le ministre-Président flamand un bout de temps. Alors que le dialogue de "Communauté à Communauté" présidé par Kris Peeters (CD&V) est en état de mort clinique à la suite de la non-nomination des trois bourgmestres francophones de la périphérie bruxelloise, voici le résultat de trois mois de palabres communautaires
Sur la forme, d’abord ; selon plusieurs négociateurs, quelques "différences d’appréciation" ont vu le jour entre francophones - notamment entre Olivier Maingain (FDF) et son collègue de parti Armand De Decker (MR). A couteaux tirés alors que le FDF brigue la tête de liste en Région bruxelloise pour le scrutin de juin, De Decker, bourgmestre d’Uccle et président du Sénat, s’est montré plus enclin à lâcher du lest face aux négociateurs flamands, rapportent plusieurs sources francophones comme flamandes. Mais d’autres tiraillements ont eu lieu - notamment entre Ecolo et le MR - à propos de la régionalisation de la loi sur les implantations commerciales.
Sur le fond, nous y voilà, Kris Peeters escomptait engranger plusieurs points avant la nouvelle année: caramba, encore raté!
- Le "premier paquet communautaire". Celui-ci avait été négocié par "les Sages" sous la baguette de Verhofstadt III. Les groupes de travail ont tenté de ficeler une réponse aux remarques formulées par le Conseil d’Etat. Rappel, celui-ci avait estimé que plusieurs éléments de la régionalisation de la sécurité routière étaient des non-sens. Pour éviter "les absurdités", les négociateurs ont voulu lister les infractions et ne pas entrer dans la lourdeur d’une loi spéciale. Mais ce travail n’a pas pu être achevé.
La loi Ikea
- MR et Ecolo se sont ensuite empoignés sur la régionalisation de la "loi Ikea": les projets proches des "frontières linguistiques" (en périphérie bruxelloise) posant problème. Pas question, a martelé le FDF, que la Flandre seule dicte les règles commerciales aux abords de Bruxelles. Les verts, eux, ont plaidé pour que la concertation demeure obligatoire en cas d’implantations commerciales en périphérie.
- La discussion sur la régionalisation de la politique de l’Emploi (lire ci-dessous) n’a pas eu lieu: la non-nomination des bourgmestres francophones est venue plomber l’ambiance
Meise contre l’adoption
- Le chapitre sur "les contentieux communautaires" a été remballé devant le Comité de concertation ("La Libre" du 07/11). En marge de ce dossier sur les bâtiments, un compromis a été esquissé sur le "Plantentuin" de Meise par le 1° Wallon, Rudy Demotte, et son homologue flamand, Kris Peeters. Rappel, le Jardin botanique, situé en Région flamande, demeure une institution bicommunautaire - ce que les Flamands ne veulent plus. Selon Peeters, un jury international aurait pu déterminer le statut des collections
- Cette avancée (flamande) sur le Jardin de Meise a été négociée contre une avancée dans le dossier de l’adoption internationale. Le problème réside dans les différences d’appréciation qui sont émises par certains pays selon que l’enfant soit adopté par un habitant du nord ou du sud du pays. En périphérie bruxelloise, les Flamands entendaient mettre un terme au "shopping" à la carte entre les organismes d’adoption. Une concertation devait être organisée entre les ministres Catherine Fonck (CDH) et Steven Vanackere (CD&V). Elle a rapidement tourné court.
- La politique des "grande villes" a également été mise sur la table à la demande du Parti socialiste. C’est que le budget pour cette compétence n’a été fixé que pour une année, et la ministre de tutelle, Marie Arena (PS), est très inquiète. Du coup, Philippe Moureaux (PS) a pressé les négociateurs flamands d’avancer sur le sujet. Il se heurte à un mur: CD&V et Open VLD entendent purement et simplement liquider cette politique fédérale.
Enfin, Kris Peeters a déposé sur la table des négociateurs le célébrissime article195 de la Constitution qui permet de réviser la loi fondamentale. "On a eu un beau débat au moment du dessert, se souvient un négociateur. Mais on n’est arrivé à rien."
Allez, une tombe pour le dialogue de "Communauté à Communauté". Par ici les funérailles.

L'image de la Flandre mise en question au parlement

Le parlement flamand n'a pas guère accordé de crédit mercredi aux textes adoptés mardi par le Conseil de l'Europe sur la démocratie locale et les trois candidats-bourgmestres de la périphérie bruxelloise, s'inquiétant seulement de l'image de la Flandre à l'étranger, à l'issue de ces votes.
Le ministre des Affaires intérieures Marino Keulen (Open Vld) a été interrogé pour la 147e fois depuis le début de son mandat sur la question des trois bourgmestres qu'il refuse de nommer. Ce mercredi, il l'a été par un député Vlaams Belang et une députée LDD.
Il a répété qu'à ses yeux, la recommandation du Conseil de l'Europe (nomination sans délai les trois bourgmestres, révision des lois linguistiques dans les communes à facilités en particulier, adoption d'un système d'élection plus directe du bourgmestre) ne devait pas être entourée de trop d'égards, attaquant au passage celui qui l'aurait initiée, l'ancien ministre-président wallon Jean-Claude Van Cauwenberghe (PS). "Toute cette procédure a été lancée sur base de manigances francophones, avec Jean-Claude Van Cauwenberghe dans le rôle principal, lui qui a pendant des années dirigé Charleroi comme un modèle de démocratie locale", a commenté le ministre flamand.
Le député Vlaams Belang Joris Van Hauthem, affirmant que les Francophones "abusent depuis des années des institutions internationales pour leur usage intérieur", a mis cela sur le compte de "l'absence d'engagement diplomatique du gouvernement flamand, depuis des années également, auprès de ces institutions". Pour améliorer l'image de la Flandre à l'étranger, le ministre Keulen a jugé que la Flandre devrait inviter les "faiseurs d'opinion" du monde entier à faire connaissance avec ce que le nord du pays a à offrir.
Les partis flamands de la majorité ont embrayé. Sven Gatz (Open Vld), Ludwig Caluwé (CD&V) et Annissa Temsamani (sp.a) ont déposé une proposition de résolution visant à lancer un programme international d'invitations. Les "allochtones flamands" doivent aussi y être associés en tant qu'"avocats, plaideurs de la Région", a jugé Marino Keulen, car "ils connaissent la situation aussi bien là-bas qu'ici".